À l’occasion de la 3ᵉ édition des Rencontres d’affaires avec les services économiques des ambassades, tenue le 25 novembre 2025, la Confédération des Petites et Moyennes Entreprises (CPU PME) a apporté une contribution majeure au débat. Représentée par le Dr Elias-Farakhan Moussa Diomandé, 1er vice-président de la Fédération des PME (FIPME), l’organisation a rappelé que la diplomatie économique ne peut plus être le seul apanage de l’État : elle doit désormais devenir un chantier commun, mobilisant institutions publiques, secteur privé et organisations patronales.
La conquête des marchés extérieurs, un impératif national
Pour le Dr Diomandé, l’affirmation de la puissance économique ivoirienne dépend étroitement de sa capacité à élargir ses horizons au-delà des marchés traditionnels. Dans un contexte international multipolaire où émergent de nouvelles forces économiques — Chine, Inde, Brésil, Russie — la Côte d’Ivoire doit adapter sa stratégie afin de tirer parti des complémentarités et renforcer son positionnement.
Cette expansion à l’international exige une approche structurée, fondée sur trois piliers :
une compréhension partagée des attentes des partenaires économiques ;
des objectifs clairs, commerciaux comme politiques ;
une coordination étroite entre acteurs publics et privés pour garantir une action extérieure cohérente.
L’information économique, pierre angulaire de la diplomatie commerciale
Une diplomatie efficace repose sur la maîtrise de l’information stratégique. Le Dr Diomandé souligne la nécessité d’un système national performant de collecte, d’analyse et de diffusion de données économiques fiables, afin d’orienter les entreprises et sécuriser leurs initiatives à l’étranger. Cette architecture informationnelle demeure aujourd’hui insuffisamment exploitée.
Un système financier à moderniser pour soutenir l’export
L’un des principaux obstacles à l’internationalisation des entreprises ivoiriennes, en particulier des PME, reste la faiblesse des infrastructures financières adaptées au commerce extérieur. Manque de crédits à moyen et long termes, absence de banques d’affaires ivoiriennes actives à l’international, mécanismes limités pour les transactions complexes : autant de freins à lever.
Le Dr Diomandé appelle à une mobilisation renforcée d’institutions telles que la BNI, en vue d’accroître le financement des PME, faciliter les opérations d’escompte à l’étranger et transformer certaines banques locales en acteurs majeurs du commerce international. Il invite également l’État à s’inspirer des pratiques internationales, notamment des agences de crédit à l’export américaines ou allemandes, capables de garantir des financements s’étendant sur 25 à 50 ans et de favoriser le mixage capital local–capital étranger.
Saisir et construire les opportunités internationales
Pour réussir à l’international, les PME ivoiriennes doivent adopter une double dynamique :
la saisie d’opportunités, grâce à un réseau capable de détecter et exploiter les marchés existants ;
la construction d’opportunités, qui suppose une démarche proactive visant à créer de nouveaux débouchés.
Ces stratégies peuvent prendre la forme d’alliances asymétriques, de coentreprises, de licences, d’investissements directs ou de partenariats stratégiques. Certaines entreprises optent également pour des modèles économiques inclusifs, intégrant les populations vulnérables dans la chaîne de valeur.
Le modèle turc du MUSIAD : une source d’inspiration
Le Dr Diomandé cite l’exemple du MUSIAD, union patronale turque, comme modèle pertinent pour les organisations ivoiriennes. Cet organisme se distingue par :
la création de réseaux puissants et de partenariats internationaux ;
une diplomatie économique proactive, en dialogue constant avec l’État ;
la promotion des entreprises à l’étranger via des missions, foires et dispositifs techniques ;
un cadre structuré facilitant l’accès aux financements et aux marchés.
Ce modèle démontre qu’une organisation patronale forte, intégrée dans la stratégie nationale, peut accélérer la conquête des marchés mondiaux.
Conclusion : pour une diplomatie commerciale ivoirienne unifiée et ambitieuse
Le Dr Diomandé invite à bâtir une diplomatie économique plus cohérente et inclusive, fondée sur :
une stratégie claire et coordonnée entre l’État et les acteurs privés ;
un système financier modernisé et mieux aligné sur les besoins de l’export ;
la valorisation de l’information économique ;
une capacité renforcée des entreprises à saisir et construire leurs opportunités ;
l’adoption de modèles patronaux performants tels que le MUSIAD.
Selon lui, cette combinaison de leviers permettra à la Côte d’Ivoire d’imposer durablement sa présence sur les marchés internationaux, dans un contexte global de plus en plus compétitif.
CAM