Clôture du projet sur l’ADN tumoral circulant : le CHU de Treichville dévoile des résultats prometteurs et appelle à un sursaut d’investissement scientifique

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 Le Centre de Diagnostic et de Recherche en Santé (CEDReS) du CHU de Treichville a accueilli, le mercredi 19 novembre 2025, la cérémonie officielle de clôture du projet de recherche « ACICHPV-CI », consacré à l’étude de l’ADN tumoral circulant (ADNtc) dans la détection des cancers induits par le papillomavirus humain (HPV) en Côte d’Ivoire. Financé par le Fonds pour la Science, la Technologie et l’Innovation (FONSTI), ce programme ambitionnait d’évaluer l’efficacité d’un biomarqueur innovant déjà utilisé dans plusieurs pays pour favoriser un dépistage plus précoce des cancers.

À l’ouverture des travaux, la chercheure principale, Dr Koné Fatoumata, maître de conférences agrégée en biologie moléculaire et responsable de l’unité de biologie moléculaire du CHU, a présenté les enseignements tirés de deux années d’investigations.

« L’ADNtc est un biomarqueur de choix pour identifier très tôt les cancers associés au HPV. Notre objectif était de tester sa performance dans le contexte ivoirien afin d’accélérer le diagnostic avant les stades avancés », a-t-elle expliqué.

Des résultats inattendus qui révèlent des particularités génétiques locales

Si la méthode étudiée a déjà fait ses preuves à l’international, les analyses menées en Côte d’Ivoire ont mis en évidence des divergences notables.

« L’outil utilisé n’a pas fonctionné comme attendu sur nos échantillons. Nos premières observations montrent que le matériel génétique des patients présente des spécificités. Le HPV circulant en Côte d’Ivoire semble différent de celui décrit en Europe, un phénomène déjà constaté pour d’autres virus, notamment le VIH », a souligné Dr Koné.

Ces résultats ouvrent de nouvelles pistes de recherche et rappellent l’importance d’adapter les technologies biomédicales aux réalités génétiques africaines. Ils plaident également pour un renforcement des capacités de diagnostic et de séquençage au niveau national.

Renforcer les équipements pour gagner en autonomie scientifique

Dr Koné a insisté sur la nécessité de doter les laboratoires ivoiriens d’outils de séquençage performants, indispensables pour analyser les variations génétiques localement et réduire la dépendance vis-à-vis des laboratoires étrangers.

« Il est essentiel d’acquérir des équipements permettant de mener l’ensemble des analyses sur place. Une modernisation des infrastructures et une formation continue s’imposent », a-t-elle ajouté en saluant l’appui des partenaires institutionnels, scientifiques et médiatiques.

Un appel à poursuivre l’investissement pour consolider les acquis

Le directeur général du CHU de Treichville, Dr Kouadio Guillaume, a félicité l’équipe de recherche pour la qualité des travaux réalisés et salué le leadership scientifique de Dr Koné Fatoumata, « première et seule professeure de biologie moléculaire de Côte d’Ivoire ».

« Ce projet soulève des questions majeures. Il est impératif que le FONSTI continue de nous accompagner afin d’y répondre et de consolider les avancées amorcées », a-t-il déclaré.

Un projet qui se poursuit au-delà de sa phase financée

Si la cérémonie marque la fin de la période financée, la dynamique scientifique, elle, se poursuit. Le CHU de Treichville et ses partenaires – notamment le Programme national de lutte contre le cancer et les équipes de pathologie – ont réaffirmé leur engagement à prolonger les recherches.

« Le projet ne s’arrête pas. Cette clôture concerne uniquement la phase financée. Nous restons mobilisés pour produire des résultats capables d’améliorer durablement la prise en charge des cancers liés au HPV », a assuré le directeur général.

Un jalon majeur pour la recherche biomédicale en Côte d’Ivoire

La clôture de ce projet marque une étape significative pour la science en Côte d’Ivoire. Elle met en lumière des avancées importantes, tout en rappelant l’urgence d’investissements accrus pour renforcer les capacités nationales en technologies moléculaires, mieux comprendre les spécificités génétiques locales et améliorer la surveillance des cancers associés au HPV.

CAM