À l’approche de l’élection présidentielle, la Conférence des Évêques Catholiques de Côte d’Ivoire, à travers sa Commission Justice, Paix et Environnement, a lancé une série de conférences-débats ce jeudi 4 septembre 2025 autour d’un thème sensible : « Enjeux et dimension ethno-religieuse de l’élection présidentielle en Côte d’Ivoire : la difficile construction d’une nation par les urnes ».
L’initiative, soutenue par le Secrétariat général de la Conférence épiscopale, vise à susciter une réflexion citoyenne en profondeur et à donner la parole à des universitaires, intellectuels et acteurs de la société civile. L’objectif est de replacer les élections dans une perspective de paix, de justice et de cohésion nationale.
Pour le Père Norbert Abekan : « Construire la paix avant tout »
Paneliste de cette première conférence, le Père Norbert Abekan a insisté sur la nécessité d’anticiper les tensions électorales et de renforcer l’esprit de responsabilité citoyenne :
« Il est important de susciter le débat et de créer les conditions pour que chacun réfléchisse. C’est à travers ces échanges que nous bâtirons la nation ivoirienne. Chacun doit apporter sa pierre. Nous ne voulons plus que les élections soient synonymes de sang, de morts et de division. Nous devons dire : la violence ne passera pas par moi, mais la paix, l’amour et la justice. »
Il a également annoncé le lancement d’une chaîne nationale de prière, placée sous le patronage de Notre Dame de la Paix, pour accompagner le processus électoral et apaiser les cœurs. Interrogé sur une éventuelle présence d’observateurs ecclésiaux dans les bureaux de vote, il a indiqué que la Commission réfléchissait à cette option afin de contribuer à la transparence et à la crédibilité du scrutin.
De son côté, le Professeur Henri Bah estime qu’il faut: « Dépasser les clivages ethno-religieux »
Autre intervenant, le Professeur Henri Bah, philosophe et enseignant-chercheur à l’Université Alassane Ouattara de Bouaké, a rappelé que l’un des principaux enjeux du scrutin réside dans la construction d’une véritable conscience nationale.
Selon lui, les élections en Côte d’Ivoire demeurent trop marquées par des logiques communautaires :
« Nous avons décrit un phénomène récurrent : les scrutins présidentiels reposent encore largement sur des clivages ethniques et religieux. Les conséquences sont claires : conflits, instabilité et absence de conscience citoyenne. »
Pour sortir de cette impasse, il propose trois pistes :
1. L’éducation et la formation des citoyens, afin de bâtir une culture politique nationale.
2. Le temps et le renouvellement de la classe politique, qui permettront l’émergence de nouveaux leaders moins marqués par ces clivages.
3. L’amour du prochain, inspiré par la pensée chrétienne, pour reconnaître l’adversaire politique sans jamais en faire un ennemi communautaire.
CAM