Après le Premier ministre nommé le lundi 16 octobre 2023, la composition du gouvernement vient d’être rendue publique ce mardi 17 octobre 2023, avec 32 ministres. Bien que riche en personnalités politiques d’origines socio-culturelles diverses, ce gouvernement ne respecte pas l’équilibre entre les différentes régions du pays qui aurait permis à chaque région de se sentir honorée d’être représentée dans le gouvernement de la République. Le mouvement « Les Démocrates de Côte d’Ivoire », tout en espérant que ce nouveau gouvernement apportera des solutions aux problèmes qui se posent aux ivoiriens, trouve pléthorique le nombre de ses ministres. Les raisons de cette appréciation sont les suivantes :
La Côte d’ivoire vit sous assistance respiratoire économique du Fonds monétaire international, avec un prêt de 3, 5 milliards de dollars pour l’aider à parvenir à l’équilibre budgétaire parce que les finances publiques ne sont pas bonnes. La Côte d’Ivoire connaît un important déficit budgétaire et a du mal à honorer le service de la dette. Le FMI est donc venu au secours de notre pays pour lui permettre de tenir face aux difficultés de trésorerie qu’il connaît. La composition du gouvernement devrait, en principe, tenir compte de cette donnée macro-économique.
L’Exécutif ne devrait pas agir comme si la santé économique de la Côte d’Ivoire était bonne, comme si le pays ne connaissait pas de difficultés économiques. Malheureusement, comme d’habitude, le gouvernement est inflationniste pendant que les populations vivent l’inflation.
Gouverner avec un gouvernement pléthorique, créer de nouvelles institutions, c’est l’assiette fiscale qu’il va falloir augmenter en créant de nouvelles taxes ou en augmentant celles qui existent déjà et, c’est malheureusement la poche des ivoiriens qui sera encore sollicitée puisqu’il faut bien trouver les moyens pour entretenir ce train de vie dispendieux de l’Exécutif, des ivoiriens qui souffrent déjà beaucoup de la cherté continue de la vie.
Après la formation des premiers responsables des départements ministériels suit, selon la pratique, la formation des cabinets. Il est de notoriété publique, depuis de nombreuses années, que certains cabinets ministériels sont composés, en Côte d’Ivoire, de personnes issues généralement de la même tribu ou de la même sphère ethnique. Le mouvement « Les Démocrates de Côte d’Ivoire » trouve cette pratique incongrue, déplorable et dangereuse. Cette pratique nuit à la Nation que nous sommes amenés à construire ensemble dans l’acceptation des uns et des autres. Cette pratique se nourrit du rejet des autres groupes socio-culturels et de l’esprit communautaire et sectaire. Elle ne favorise pas la construction d’une vraie Nation.
Le mouvement « Les Démocrates de Côte d’Ivoire » salue l’ouverture d’esprit de tous les membres des anciens gouvernements qui ont formé leurs cabinets en faisant appel à des compétences issues de différents groupes socio-culturels. Le mouvement « Les Démocrates de Côte d’Ivoire » appelle les membres du nouveau gouvernement à éviter les cabinets tribaux qui sont source de ressentiments dans la société et nuisent à la réconciliation, à la cohésion nationale et à l’unité nationale. Le Rwanda a connu l’ethnicisation de l’Etat et nous enseigne que ce n’est nullement un modèle à imiter parce qu’on détient les leviers du pouvoir ou les instruments de la République. Pour le mouvement « Les Démocrates de Côte d’Ivoire », la représentativité socio-culturelle dans les cabinets ministériels mérite d’être revue et encadrée, s’il le faut, par un texte réglementaire. .
Au lieu de la communauté ethnique, le mouvement « Les Démocrates de Côte d’Ivoire » souhaite et recommande la promotion de la communauté nationale. Même s’ils servent l’Etat, les cabinets mono-ethniques valorisent le sectarisme, le dogmatisme réducteur, le communautarisme, la peur de l’autre, l’isolement d’avec les autres groupes socio-culturels et le repli sur soi du groupe qui utilise la politique et les instruments de l’Etat pour renforcer son emprise sociale et politique et les liens entre ses membres dans un but clientéliste et au détriment des autres groupes socio-culturels. Il est connu : l’ethnie pense, d’abord, à sa survie et à celle des liens socio-culturels de ses membres avant de penser au bien de la Nation.
Avec cette façon de faire, le politique essaie de préparer le futur d’une seule ethnie dans le futur de la nation et fait en sorte que son ethnie soit la plus prépondérante et la plus active dans le champ du positionnement politique. Le mouvement « Les Démocrates de Côte d’Ivoire » ne peut accepter cet esprit sectaire et dogmatique malheureusement promu dans nos Etats africains par de grands diplômés sortis de l’école occidentale qui promeut, pourtant, l’universalisme, l’ouverture d’esprit et l’acceptation de l’autre et de sa différence, qu’elle soit ethnique ou autre. Le mouvement « Les Démocrates de Côte d’Ivoire » appelle les ivoiriens à refuser ce sectarisme et ce communautarisme et à combattre leurs auteurs et promoteurs.
Cet esprit et la pratique qui en découle ne font pas honneur à la Côte d’Ivoire, un pays traditionnellement ouvert, multi-ethnique et multiculturel. La gestion de la chose publique ne devrait pas aller avec le séparatisme qui menace l’unité nationale et la cohésion sociale. La République, parce qu’elle est République, ne devrait pas être prise en otage et privatisée pour son seul compte par une ethnie quelconque. La République et ses administrations gèrent la chose publique dans l’intérêt de tous les groupes socio-culturels parce qu’ils forment une communauté politique et de destin et ont une histoire nationale commune à défendre. Le communautarisme et le sectarisme encouragent, eux, les conflits inter-ethniques, le manque de cohésion sociale et la concurrence des mémoires sur l’histoire nationale.
Pour le mouvement « Les Démocrates de Côte d’Ivoire », notre diversité culturelle et ethnique en Côte d’Ivoire doit être une richesse à valoriser à tous les niveaux de la vie sociale, surtout dans les nominations politiques, dans la composition des partis politiques et dans la composition des cabinets ministériels, reflets des partis politiques. Il n’est pas bon de n’avoir, dans un cabinet ministériel, rien que des compétences issues d’un même groupe ethnique. Les cabinets ministériels mono-ethniques sont une bombe tribale à retardement. Cette bombe doit être désamorcée avec des nominations qui reflètent la diversité de la société ivoirienne.
Fait à Abidjan, le 18 octobre 2023.
Pour « Les Démocrates de Côte d’Ivoire ».
Le Président
Pr. Séraphin Prao