Déclaration du mouvement « Les Démocrates de Côte d’Ivoire » après l’investiture du Président Bassirou Diomaye Faye 

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Le mardi 2 avril 2024, le Vice-Président Tiémoko Meyliet Koné représentant le Président Alassane Ouattara a pris part à l’investiture du nouveau Président sénégalais Bassirou Diomaye Faye. Cette cérémonie qui marque la vitalité de la démocratie sénégalaise, la maturité politique de son peuple et le passage de témoin entre les générations issues des indépendances et celles qui sont venues longtemps après est l’occasion, pour le mouvement « Les Démocrates de Côte d’Ivoire », de réitérer son appel au Président Alassane Ouattara à ne pas se représenter en 2025 pour un quatrième mandat. Il faut qu’il ait confiance aux hommes qui l’ont aidé à conduire sa politique depuis 2011.

 

Ousmane Sonko n’était pas candidat à l’élection présidentielle du dimanche 24 mars 2024. C’était, pourtant, le leader le plus charismatique et l’étendard de son parti. Il a fait porter son projet par un autre membre du PASTEF, son parti, a mis sa confiance en lui et le peuple l’a suivi dans son choix. Aujourd’hui, celui-ci est Président de la République du Sénégal. C’est ainsi quand on a confiance en son projet, en ses hommes et dans le peuple de votants et que tout ne se réduit pas à un individu brandi comme projet et l’Alpha et l’Omega.

 

L’on ne dira pas du Président Alassane Ouattara qu’il n’a pas travaillé. En termes d’infrastructures de base, beaucoup d’efforts a été fait. Des efforts ont été aussi faits au niveau de l’électrification des villages. Deux CAN remportées sont à son actif. Il a permis à beaucoup de projets de développement qui moisissaient dans les tiroirs de la République d’être réalisés. La croissance économique de la Côte d’Ivoire reste soutenue et est prévue pour se situer à 6,5% cette année et 7% en 2025 contre 6,6% en 2023. Tous ces faits et bien d’autres montrent que le Président Alassane Ouattara a fait le job pour lequel le peuple a porté son choix sur lui. Mais, son talon d’Achille reste l’environnement politique, un taux d’endettement élevé (projeté à 58, 5% du PIB en 2024) et la cherté de la vie qui rend les ivoiriens de plus en plus pauvres d’année en année.

 

Sous le RHDP, le jeu politique est en apparence ouvert mais reste astucieusement verrouillé à double tour. Le RHDP a mis la scène politique en coupes réglées. Le dispositif électoral est tout à son avantage pour lui permettre de se succéder à lui-même autant qu’il le voudra. Toutes les élections sont bouclées, gérées, cadenassées. Et, l’opposition n’y voit que du feu chaque fois. Chaque élection est une victoire de plus pour ce parti parce que tout est fait pour que cela soit ainsi. Malheureusement, les ivoiriens n’ont jamais été aussi pauvres que sous le RHDP. Leurs gains se réduisent chaque année comme peau de chagrin.

 

Le coût de la vie qui augmente sans cesse fait que tout gain se transforme très vite en une perte toujours plus prononcée. La revalorisation du SMIG porté à 75 000 F CFA, la revalorisation de l’indemnité contributive au logement et son extension à tous les fonctionnaires et agents de l’Etat, la revalorisation de la prime de transport et de l’allocation familiale et l’instauration d’une prime exceptionnelle de fin d’année pour les fonctionnaires ont été une goutte d’eau dans la mer des charges des ménages, vite avalée par le coût exponentiel de la vie. En 2024, d’ailleurs, la Côte d’Ivoire est classé comme le pays africain où le coût de la vie est le plus cher.

 

Le gouvernement a vu que la consommation des ménages est un moteur de croissance et l’utilise à ce propos. Il a mis en place une politique fiscale qui permet de tirer une partie de la croissance du pays avec l’augmentation des dépenses de consommation, donc en appauvrissant les populations. L’on croirait que les ivoiriens aiment dépenser. En réalité, ils sont astucieusement poussés à vider leur compte par les exigences macro-économiques.

 

Les infrastructures poussent mais le peuple est confronté à d’énormes difficultés économiques et sociales qui rendent son présent insoutenable et son avenir incertain. Toute cette gouvernance reste attachée à la personnalité politique et économique du Président Alassane Ouattara qui ne prendra pas le risque de changer de paradigme après trois mandats.

 

Les ivoiriens ont besoin d’une autre politique qui leur donne de l’espoir, qui leur donne de croire encore en ce pays, en son système éducatif, en son service de santé, en sa politique sociale et de redistribution des richesses, bref qui leur donne de l’avenir pour eux-mêmes et pour leurs enfants, sans forcément graviter autour du pouvoir. La figure du Président Alassane Ouattara est attachée à beaucoup de réussites macro-économiques mais aussi à beaucoup de douleur sociale. Les populations veulent d’autres visages sur lesquels se lira l’espoir et qui ne leur rappelleront pas leurs souffrances : leurs commerces détruits, leurs maisons cassées et rasées, leurs économies envolées et leurs vies brisées.

 

Il est important de savoir partir. Il vaut mieux partir dans la dignité et avec les honneurs que de partir dans la honte et l’humiliation populaire. Tout pouvoir qui s’éternise entraîne une lassitude évidente. Il faut changer d’homme ou de système quand un peuple se sent étouffé et las, sous un poids écrasant. Quand un peuple se sent écrasé, il reste ouvert à toutes les aventures de liberté.

 

Il est prouvé, par les lois de la nature et les lois sociales, que le changement, tout changement apporte un nouveau souffle ; il a une vertu d’oxygénation au niveau de l’individu comme de la société. La Côte d’Ivoire n’est pas le Sénégal mais elle a les défauts et les qualités de l’éléphant. Nul ne peut prétendre le dompter longtemps.

 

Pour le mouvement « Les Démocrates de Côte d’Ivoire », l’état de grâce du Président Alassane Ouattara est fini. Des temps plus durs l’attendront s’il se porte candidat pour un quatrième mandat. Les lois de la nature seront contre lui et tout se mettra en œuvre pour que sa gloire si durement obtenue dans la souffrance politique de plusieurs décennies soit broyée et se transforme en humiliation. Ce n’est pas l’avenir que le mouvement « Les Démocrates de Côte d’Ivoire » rêve ou souhaite pour lui.

 

Le mouvement « Les Démocrates de Côte d’Ivoire » est, certes, un mouvement politique de gauche et de l’opposition mais il se veut juste dans ses observations, sensé, dans la mesure, républicain et loin des excès de la politique politicienne, avec pour sacerdoce la paix dans le pays et le bien-être des populations. Le mouvement « Les Démocrates de Côte d’Ivoire » demande au Président Alassane Ouattara de faire confiance en des visages autres que le sien et sur lesquels les ivoiriens verraient de nouvelles raisons d’espérer en des lendemains différents du présent actuel. C’est tout le mal que le mouvement « Les Démocrates de Côte d’Ivoire » souhaite, à lui et à sa machine politique, le RHDP.

Fait à Abidjan, le 02 avril 2024.

Pour « Les Démocrates de Côte d’Ivoire ».

Le Président

Pr. Séraphin Prao