Présent à Istanbul pour le 5ᵉ Forum économique et commercial Türkiye–Afrique (TABEF 2025), Joseph Amon, président de l’Ordre des architectes de Côte d’Ivoire (OACI), a évoqué les enjeux de la participation ivoirienne à cet événement et les perspectives de coopération avec la Turquie dans le domaine de l’architecture et du développement urbain.
Une coopération stratégique pour Archibat 2027
Pour Joseph Amon, la participation à ce forum visait avant tout à nouer des partenariats solides en amont du Salon Archibat 2027, dont la 11ᵉ édition se tiendra à Abidjan.
« Nous avons voulu anticiper cette fois-ci et préparer une participation internationale forte, notamment turque et italienne », explique-t-il.
L’objectif est de bâtir des relations gagnant-gagnant, où la Côte d’Ivoire exprime ses besoins et où les partenaires étrangers apportent leur technologie et leur savoir-faire.
Des investisseurs turcs ont déjà manifesté un intérêt pour des projets dépassant 100 millions de dollars, soutenus par leur gouvernement.
Vers un modèle ivoirien d’architecture durable
Inscrite dans la dynamique des Objectifs de développement durable (ODD), l’architecture ivoirienne doit désormais penser au-delà de la simple construction.
-« Concevoir un bâtiment ne suffit plus. Il faut réfléchir à son impact environnemental, à son efficacité énergétique et à son intégration dans nos modes de vie », insiste le président de l’OACI.
L’ambition est claire : construire des ouvrages durables, respectueux de l’environnement et adaptés aux réalités économiques et culturelles du pays.
Repenser la planification urbaine
Face à un développement urbain souvent désordonné, Joseph Amon appelle à une meilleure coordination entre l’État, les collectivités locales, les professionnels et les populations.
« Les schémas d’urbanisme existent, mais ils sont mal appliqués. Il faut changer les mentalités, respecter les réseaux existants et intégrer la notion d’assainissement », souligne-t-il.
Architectes et artisans, piliers du changement
Malgré la loi imposant la présence d’un architecte pour tout permis de construire, près de 80 % des projets échappent encore à cette obligation.
Selon lui, cela s’explique par une mauvaise perception :
« On pense que les architectes coûtent cher, mais le vrai coût, c’est celui de la mauvaise construction », rappelle-t-il, citant l’exemple d’un immeuble effondré à Abidjan faute de supervision professionnelle.
Le président de l’OACI insiste aussi sur le rôle central de l’artisanat, moteur économique et partenaire essentiel de la qualité architecturale. Le Concours du Meilleur Artisan, lancé à Archibat, vise justement à professionnaliser les acteurs du secteur informel et à les sensibiliser au respect des normes.
Archibat 2027, une étape décisive
L’édition 2027 d’Archibat se veut panafricaine et internationale. Elle accueillera la réunion de l’Union des Architectes d’Afrique, avec plus de 200 participants attendus.
« Nous avons tout pour bâtir un modèle ivoirien d’architecture durable. L’architecture ne doit pas être subie : elle doit être pensée, portée avec intelligence, stratégie et ambition », conclut Joseph Amon.
Interview réalisée à Istanbul (Turquie)
Par Patrick N’Guessan