L’Alliance Borderless alerte sur les obstacles à la compétitivité des corridors ivoiriens

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 Le Comité national Côte d’Ivoire de l’Alliance Borderless a lancé ses activités pour l’année 2025 ce mardi 11 mars, à travers un atelier consacré à « la compétitivité des corridors de transit et la fluidité de la desserte des ports ».

Dans un contexte régional où la concurrence entre corridors s’intensifie, les axes Abidjan-Pôgô et San Pedro-Tengrela souffrent encore de nombreux dysfonctionnements qui freinent la libre circulation des marchandises et des personnes. Pour Jonas Lago, président de l’Alliance Borderless, une intervention rapide des autorités concernées est nécessaire pour améliorer la situation.

Des contrôles excessifs et des coûts illégaux

L’un des principaux points soulevés concerne la multiplication des contrôles routiers. Sur le corridor Abidjan-Ouangolo-Pôgô (environ 700 km), pas moins de 45 points de contrôle sont recensés, contre seulement cinq sur le corridor Lomé-Cinkansé (650 km) reliant le Togo au Burkina Faso.

En plus de ces contrôles, les transporteurs subissent des prélèvements financiers abusifs, qualifiés de « faux frais », imposés par certains agents de sécurité. Ces pratiques pèsent lourdement sur la compétitivité des corridors ivoiriens et créent un climat d’insécurité, notamment dans la zone de « no man’s land » entre Laléraba et Niangologo.

Le rapport présenté par l’Alliance Borderless pointe également du doigt l’état dégradé de plusieurs axes, notamment Kani-Séguéla, Séguéla-Daloa et Issia-Soubré. Ces routes en mauvais état aggravent les conditions de transport et augmentent le risque de racket.

Un appel à des solutions concrètes

Jonas Lago Président de l’Alliance Borderless

Lors de l’atelier, qui s’est tenu à la Chambre de commerce et d’industrie de Côte d’Ivoire (CCI-CI), l’Alliance Borderless a plaidé pour des mesures concrètes afin de renforcer la compétitivité des corridors. « Il est crucial que les acteurs publics et privés travaillent ensemble pour améliorer ces axes, qui assurent plus de 90 % du transport des marchandises par voie routière », a déclaré Jonas Lago.

Des transporteurs à bout face au racket

Le constat alarmant dressé par l’Alliance Borderless a été appuyé par Hamed Doumbia, président de la Confédération des syndicats des conducteurs routiers d’Afrique de l’Ouest (CSCRAO), et Bamba Daouda, secrétaire général de l’Union des conducteurs routiers d’Afrique de l’Ouest Mauritanie-Maroc (UCRAO). Ce dernier a souligné l’impact négatif des frais illégaux sur l’image des ports ivoiriens : « Ces coûts supplémentaires nuisent à la compétitivité et font fuir les transporteurs. »

Selon lui, chaque camion doit payer entre 28 000 et 30 000 FCFA à chaque barrage. Une situation qui effraie les transporteurs : « Lorsqu’un conducteur de l’hinterland apprend qu’il doit se rendre en Côte d’Ivoire, il est immédiatement inquiet », a-t-il confié.

Face à cette situation, Salif Samaké, directeur général adjoint du Haut Conseil du patronat des entreprises de transport routier (HCPETR-CI), a insisté sur la nécessité de sensibiliser les transporteurs et de renforcer leurs capacités pour mieux faire face aux défis du secteur.

Des engagements pour un changement

Photo table officiels

Répondant aux préoccupations soulevées, le commissaire principal Irié Bi S. Étienne, représentant la police nationale, a expliqué que la présence des forces de sécurité vise principalement à lutter contre le banditisme, notamment sur les tronçons les plus dégradés du corridor San Pedro-Tengrela. Il a néanmoins reconnu que des améliorations sont en cours, avec la réhabilitation progressive de certaines routes.

De son côté, Coulibaly Vincent, directeur des transports routier et ferroviaire au ministère des Transports, a assuré que le gouvernement reste attentif à ces préoccupations. Il a rappelé l’importance de ne pas perdre de vue les clients traditionnels de la Côte d’Ivoire, notamment le Mali et le Niger, face à la concurrence croissante des autres ports ouest-africains.

Une mobilisation collective pour améliorer les corridors

L’atelier a rassemblé divers acteurs, notamment la CEDEAO, des représentants de ministères, des membres des forces de l’ordre et des douanes, ainsi que des entreprises du secteur du transport et de la logistique. Des institutions comme l’Observatoire de la fluidité des transports (OFT), l’Office ivoirien des chargeurs (OIC) et des compagnies privées telles que SITARAIL et SOTACI ont également contribué aux échanges.

Dans son allocution d’ouverture, Yao Germain, directeur des études économiques de la CCI-CI, représentant le président Touré Faman, a salué les efforts de l’Alliance Borderless pour faire de la libre circulation des biens et des personnes une réalité en Afrique de l’Ouest.

Les discussions engagées devraient permettre d’identifier des solutions durables pour rendre les corridors ivoiriens plus compétitifs et attractifs face à la concurrence régionale.

CAM