le Patronyme est le véritable problème lié à la nationalité ivoirienne (Lamoussa Djinko, Président du Renouveau Démocratique) 

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Le Président du Parti ivoirien, le Renouveau Démocratique, Lamoussa Djinko, était face à la presse, ce 23 août 2024, pour animer une conférence publique sur la Nationalité ivoirienne. Lors de cette rencontre avec la presse, Le Président Lamoussa Djinko a abordé plusieurs aspects de la Nationalité en Côte d’Ivoire, mettant en lumière les défis et les enjeux liés à la nationalité en Côte d’Ivoire.
Le problème du patronyme en lien avec la nationalité ivoirienne est l’un des aspects les plus sensibles et complexes du débat sur l’identité en Côte d’Ivoire. Dans un pays où l’ethnicité joue un rôle significatif dans les dynamiques sociales et politiques, les noms de famille peuvent devenir des marqueurs d’identité qui influencent la reconnaissance ou la contestation de la nationalité.

Contexte historique et politique

En Côte d’Ivoire, le nom de famille est souvent perçu comme un indicateur de l’appartenance ethnique et régionale. Cette réalité a été exacerbée par les tensions politiques et ethniques, notamment à partir des années 1990, avec l’introduction du concept de « ivoirité ». Ce concept visait à distinguer les « vrais Ivoiriens » des « étrangers », même si ces derniers étaient souvent issus de communautés vivant en Côte d’Ivoire depuis plusieurs générations. Les patronymes ont alors été utilisés, parfois de manière discriminatoire, pour contester la nationalité de certains individus, notamment ceux portant des noms à consonance étrangère ou appartenant à des groupes ethniques perçus comme « non autochtones ».

Les conséquences des discriminations basées sur le patronyme

Les discriminations liées au patronyme ont eu des conséquences profondes sur la vie des personnes concernées. Certains Ivoiriens, en raison de leur nom de famille, ont vu leur nationalité remise en question, ce qui a entravé leur accès à des documents d’identité, à l’éducation, à l’emploi, et à leurs droits civiques, y compris le droit de voter ou de se présenter à des élections. Cette situation a également alimenté des tensions interethniques, en exacerbant le sentiment d’exclusion parmi les populations marginalisées.

Les tentatives de réforme

Au fil des années, plusieurs tentatives ont été faites pour réformer les lois sur la nationalité et réduire les discriminations fondées sur le patronyme. Sous la présidence d’Alassane Ouattara, des réformes législatives ont été introduites pour faciliter l’accès à la nationalité pour certaines catégories de personnes, en particulier les descendants de migrants de pays voisins. Cependant, ces réformes n’ont pas totalement résolu le problème, et des obstacles administratifs et sociaux subsistent.

Un enjeu de cohésion nationale

Le problème du patronyme en Côte d’Ivoire va au-delà de la simple question de la nationalité. Il touche au cœur de la cohésion nationale et de la construction d’une identité ivoirienne inclusive. Pour surmonter ces défis, il est crucial de promouvoir une vision de la nationalité qui transcende les marqueurs ethniques et régionaux. Cela passe par l’éducation, la sensibilisation, et la mise en œuvre de politiques publiques qui reconnaissent et valorisent la diversité de la société ivoirienne.

Vers une solution durable

Pour avancer vers une solution durable, il est nécessaire de réformer les procédures administratives pour l’obtention de la nationalité, en les rendant plus transparentes et équitables. Les autorités doivent également veiller à ce que les discriminations basées sur le patronyme soient combattues de manière rigoureuse, notamment à travers des campagnes de sensibilisation et des mécanismes de recours efficaces pour les victimes.

En outre, la société civile a un rôle crucial à jouer en encourageant le dialogue interethnique et en promouvant une citoyenneté active et inclusive. La reconnaissance de la diversité des noms de famille comme une richesse plutôt qu’une source de division est essentielle pour renforcer l’unité nationale.

Le problème du patronyme et de la nationalité en Côte d’Ivoire est un défi complexe qui nécessite une approche globale et inclusive. Il est impératif de dépasser les préjugés liés aux noms de famille pour construire une nation où tous les citoyens, indépendamment de leur origine ou de leur patronyme, se sentent pleinement reconnus et intégrés. La résolution de cette question est non seulement essentielle pour la paix sociale, mais aussi pour l’avenir démocratique du pays.

 

Josué Koffi