À l’occasion de la Journée internationale de la fille à Dakar au Sénégal ce 10 octobre 2025, plus d’une centaine d’adolescentes venues d’Afrique de l’Ouest et du Centre se sont réunies à Dakar pour le Sommet des filles d’Afrique de l’Ouest et du Centre, une plateforme d’échanges et de plaidoyer portée par et pour les filles. Leur message, adressé aux dirigeants, aux décideurs politiques et à la communauté internationale, est sans équivoque : les droits des filles ne peuvent plus attendre.
« Nous voulons être prises en compte lorsque notre histoire sera écrite, car nos voix comptent », a déclaré Isabel, participante venue de Guinée équatoriale.
Trente ans après la Déclaration et le Programme d’action de Beijing, les participantes ont souligné la lenteur des progrès et le non-respect de nombreux engagements pris en faveur des droits des femmes et des filles. Elles ont appelé à une mobilisation urgente pour mettre fin à la discrimination, à la violence et aux inégalités persistantes, et pour garantir à chaque fille le droit à l’éducation, à la santé, à la protection et à la participation.
Des priorités clairement identifiées
À l’issue de consultations menées dans 24 pays d’Afrique de l’Ouest et du Centre, les filles ont défini plusieurs domaines d’action prioritaires :
Rendre l’école équitable et inclusive.
Chaque fille doit avoir le droit d’apprendre, avec des enseignants formés, des classes sûres et des programmes qui développent des compétences utiles pour la vie. Des bourses doivent être accordées à celles qui en ont le plus besoin.
Garantir un accès à des services de santé de qualité.
Les filles demandent des soins adaptés, confidentiels et accessibles, en particulier pour les adolescentes.
Protéger la planète et l’avenir.
Le changement climatique affecte directement la vie et la sécurité des filles. Les participantes ont appelé à des politiques environnementales ambitieuses pour préserver leurs communautés.
Mettre fin au mariage des enfants et aux mutilations génitales féminines.
Maintenir les filles à l’école et leur offrir un accès à la santé reproductive sont, selon elles, des leviers essentiels pour éliminer ces pratiques préjudiciables.
Dire non à la violence basée sur le genre.
Les filles exigent des lois plus strictes, des sanctions effectives et un meilleur accès à la justice pour les victimes.
Inclure les filles en situation de handicap.
Elles doivent être pleinement intégrées dans toutes les politiques publiques, programmes et initiatives.
Placer la voix des filles au cœur de la décision
Pendant les deux jours du Sommet, les participantes ont travaillé à l’élaboration d’une Déclaration des filles d’Afrique de l’Ouest et du Centre, qui appelle les gouvernements, les organisations régionales et les partenaires internationaux à :
placer la voix des filles au centre des processus décisionnels ;
créer des espaces sûrs pour favoriser la libre expression et lever les tabous ;
former les professionnels à mieux comprendre les réalités vécues par les filles ;
et assurer un suivi rigoureux de la mise en œuvre des politiques et programmes existants.
Les participantes ont exhorté les dirigeants à cesser de marginaliser leurs voix et à impliquer les filles dans toutes les décisions qui les concernent. Elles ont rappelé que les adolescentes sont les mieux placées pour exprimer leurs besoins, leurs défis et leurs aspirations.
Un moment charnière pour la voix des filles africaines
Le Sommet des filles d’Afrique de l’Ouest et du Centre marque une étape historique : pour la première fois, des adolescentes venues de toute la région ont défini leur propre agenda pour le changement et adressé leurs recommandations directement aux décideurs.
« J’imagine un endroit où les filles peuvent être elles-mêmes, respectées et aimées », a conclu Isabel, symbole de cette jeunesse déterminée à bâtir un avenir d’égalité et de dignité.
Porté par la conviction que chaque fille compte, le Sommet de Dakar envoie un message fort : les filles d’Afrique ne demandent plus d’attendre — elles demandent d’agir.
CAM