« SPGCI : “Nos vies ne sont pas des sacrifices” – Les pompistes et graisseurs de Côte d’Ivoire dénoncent leurs conditions de travail »

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 Le Syndicat des Pompistes et Graisseurs de Côte d’Ivoire (SPGCI) a tenu, ce lundi 29 septembre 2025 à Abidjan, une conférence de presse marquée par l’émotion et la colère. Face aux médias, le secrétaire général national, Richard M’bassidje, a dénoncé la dégradation des conditions de travail dans les stations-service et la multiplication de décès parmi les pompistes, faute de suivi médical et de protection sociale.

 

Une série de drames évitables

« C’est avec une douleur immense et un profond sentiment d’injustice que nous nous tenons devant vous aujourd’hui », a déclaré M’bassidje Richard.

Le syndicaliste a rappelé plusieurs cas récents : Abdoulaye Assongo, décédé en plein service sur une station Total à Cocody, un pompiste de Shell retrouvé sans vie après une pause nocturne, ou encore Mian Pascal, mort après un malaise consécutif à une nuit de travail.

Le plus récent, Koffi Kouadio Marius, pompiste depuis trois ans à la station Oryx de Foungbesso, a succombé à un AVC sans avoir jamais bénéficié du moindre bilan de santé. « Combien de morts faudra-t-il encore pour que nos vies comptent ? », a lancé le secrétaire général, la voix chargée d’émotion.

 

Conditions de travail jugées inhumaines

Le SPGCI dénonce des pratiques généralisées : absence de déclaration à la CNPS, inexistence de couverture maladie, salaires souvent inférieurs à 75 000 F CFA sans primes, exposition constante aux vapeurs toxiques et produits inflammables, ainsi que des horaires dépassant largement les 40 heures prévues par le Code du travail.

Les pompistes se disent également victimes de licenciements abusifs, de harcèlement et de non-respect des droits en cas de changement de gérance. « Certains gérants vont jusqu’à obliger leurs employés à acheter eux-mêmes leurs chaussures de sécurité », déplore le syndicat.

 

Une interpellation directe à l’État

Dans son allocution, M’bassidje Richard a appelé à une réaction urgente des autorités :

Au Président de la République, présenté comme le « père de la Nation », il a demandé de protéger « ses fils et filles que nous sommes ».

 

Au Premier ministre, il a lancé un appel pour une « action immédiate » afin de mettre fin à l’hécatombe.

 

Au ministre de l’Emploi et de la Protection sociale, Adama Camara, le SPGCI a demandé l’application stricte du Code du travail et un plan d’accompagnement pour le personnel en station-service.

 

Les revendications du SPGCI

 

Le syndicat formule des demandes claires :

Déclaration immédiate de tous les pompistes et graisseurs à la CNPS ;

Mise en place des bilans et visites de santé obligatoires prévus par la loi ;

Instauration d’une assurance maladie adaptée aux risques du métier ;

Paiement des salaires conformément au barème officiel, avec primes de transport, de panier, de salissure et de tenue ;

Respect des 40 heures légales de travail hebdomadaire et paiement effectif des heures supplémentaires.

 

« Nos vies ne sont pas des sacrifices »

La conférence de presse s’est conclue sur un message fort :

 

« Nous ne voulons plus qu’un pompiste ou un graisseur meure dans le silence et l’indifférence. À nos camarades tombés, nous faisons une promesse : vos morts ne seront pas vaines. La sécurité et la santé au travail doivent être des droits, pas des privilèges. »

 

 

Le SPGCI appelle désormais à une prise de conscience nationale et à une mobilisation des pouvoirs publics pour mettre fin à ce qu’il qualifie de « méprisé » envers une profession essentielle mais largement invisibilisée.

 

CAM