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Guinée : La guerre du Fadenya-Le fait du légionnaire

En politique, chaque acteur utilise l’arme qui correspond à son niveau de compréhension. Pour le légionnaire Mamadi Doumbouya, conseillé par une cour de démagogues, dans laquelle figurent quelques flibustiers de lancien régime du président Alpha Condé, il faut dabord neutraliser tous les esprits de contestation qui peuvent gêner la nouvelle junte.
Un activiste du système Condé fournirait lui-même une partie de la liste des personnes à écarter ou neutraliser. Ce qui a déjà permis l’arrestation et lacharnement vis-à-vis de certains cadres de l’ancien sérail politique, surtout ceux issus de la même communauté de Haute-Guinée que le chef de la junte, cest-à-dire les Malinkés.

Sur instructions du colonel Mamadi Doumbouya, on constate la haine viscérale et la jalousie à légard des parents de sa communauté qui faisaient partie des barons du temps dAlpha Condé, et qui sont aujourdhui jetés en prison. Cest le cas de Dr Mohamed Diané, ancien ministre de la Défense nationale et chargé des Affaires présidentielles.
La stratégie est simple, avant son arrestation, les nouveaux dirigeants ont commencé à faire circuler des rumeurs folles sur son prétendu enrichissement. Dans le fadenya, comme disent les Malinkés, cest-à-dire la haine interfamiliale. Avant de le jeter en prison, sans la moindre enquête pour motif de blanchiment d’argent et détournement de deniers publics.
En réalité, il est de la même région que Mamadi Doumbouya, issu de la grande famille Diané de Kankan. Tandis que le colonel relevait de lui avant le putsch, en tant que commandant de l’unité des forces spéciales. Il ne pouvait pas, après avoir renversé l’homme qui la présenté au peuple de Guinée, laisser alors Mohamed Diané libre, ce qui représenterait une menace contre lui dans sa région natale, dautant quil est jaloux de son assise populaire à Kankan. Il fallait donc trouver un alibi pour l’isoler, et en faire son prisonnier personnel.
Comme l’ex-président de l’Assemblée nationale, Amadou Damaro Camara, natif du Grand Konian, une région à cheval entre la Forêt et la Haute-Guinée, qui représente, aux yeux du chef de la junte militaire, une menace, parce que supposé appartenir à une communauté intrépide et guerrière, donc capable de mobiliser ses partisans pour récupérer son poste. Car tout simplement dauphin constitutionnel du président élu.
Enfin, il y avait le cas d’Ibrahima Kourouma, ancien ministre de la Ville et de l’Aménagement du territoire, victime lui aussi de sa proximité non seulement avec le président déchu, mais avec lancien président de l’Assemblée qui est de la même région. Avec toujours l’idée que lancien sérail politique ne puisse pas, avec laide de la communauté malinké, être capable de renverser la junte, pour revenir à l’ordre constitutionnel.
Cest pourquoi le légionnaire-président a procédé à la dissolution des conseils communaux dans les préfectures de Haute-Guinée par le biais du ministère de l’Administration du territoire et de la Décentralisation, sous prétexte de détournements de fonds publics. Mais, en réalité, pour écarter tous ceux qui étaient proches du Professeur Alpha Condé.
Car cest un secret de polichinelle, Mamadi Doumbouya veut durer.

Face à la mobilisation de la classe politique et du Front national pour la défense de la Constitution (FNDC), qui sont descendus dans les rues pour organiser des manifestations sur lensemble du territoire national, le Comité national du rassemblement pour le développement (CNRD) a pris une décision, le 13 mai 2022, pour interdire toute manifestation et les regroupements avant les élections.
Cette décision, mal réfléchie, a provoqué des victimes et des arrestations dans les zones plus chaudes de Conakry, suite à des manifestations pour protester contre la confiscation des libertés. Mais le pouvoir doit rester au palais Mohammed V.

 

Cest pourquoi, sur le plan administratif, la junte a créé le Bureau de suivi des priorités présidentielles (BSPP), dirigé par lancienne ministre des Travaux publics sous lancien régime, Kadiatou Emilie Diaby. Ce qui démontre pourquoi lancien Premier ministre Mohamed Béavogui a rendu son tablier, parce quil navait pas les mains libres dans la coordination des activités gouvernementales.
Quant à l’actuel locataire de la primature, Bernard Gomou, il serait un simple préposé du palais Mohammed V, visible uniquement pendant les cérémonies officielles pour des besoins protocolaires.
Le légionnaire Mamadi Doumbouya, lui, gouverne comme dans un campement.
Dans le cadre de la récupération des biens immobiliers de l’Etat, des édifices publics ont été démolis sans reconstruction, en délogeant des fonctionnaires désormais versés dans la nature. En termes de fonctionnement des services de l’Etat, la junte au pouvoir, en lieu et place de faire l’état des lieux des services de lEtat, a procédé au gel des comptes de ces services. Ainsi leur fonctionnement a été ramené à la présidence en laissant des cadres faire un simple acte de présence dans les bureaux. Et de nombreux fonctionnaires ont été mis à la retraite à tort, et ne sont toujours pas rétablis dans leur fonction. Sans parler du gel des comptes privés des fonctionnaires depuis la prise du pouvoir.
La Guinée vit donc en permanence sous le fait, non pas du prince, mais du légionnaire.

Elise K. Douno

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