Le PPA-CI et le PDCI-RDA dénoncent des irrégularités sur la liste électorale et demandent un audit indépendant pour l’organisation d’élections justes, transparentes et apaisées, gage de paix, de stabilité et de cohésion en Côte d’Ivoire
Conférence de Presse conjointe
PDCI-RDA et PPA-CI
Abidjan, le 1er Juin 2023
Comme vous le savez, dans un récent communiqué conjoint en date du 30 mai 2023,
Son Excellence Henri Konan BEDIE, Président du PDCI-RDA et Son Excellence
Laurent GBAGBO, Président du PPA-CI, ont invité les militantes et militants, les
sympathisants du PDCI-RDA et du PPA-CI, ainsi que l’ensemble de la population, à se mobiliser pour vérifier sur les lieux d’affichage leur inscription effective sur la liste
électorale, et afin de garantir le succès de cette opération cruciale dans le processus
électoral, les deux Présidents avaient donné instruction à leurs structures respectives
de suivi des élections, tant au niveau central qu’au niveau local, de travailler en étroite collaboration dans le cadre de ces opérations.
Ainsi donc, suite aux instructions données par les deux présidents, SE Henri Konan
Bédié, Président du PDCI-RDA et SE Laurent Gbagbo, Président du PPA-CI, un comité technique paritaire a été mis sur pied à l’effet d’analyser les données de la liste électorale provisoire 2023 et d’en relever le cas échéant les irrégularités qui pourraient être constatées.
Le travail du Comité technique paritaire a commencé depuis la remise de la liste
électorale provisoire aux partis politiques par la CEI, et nous sommes aujourd’hui
devant vous, pour vous livrer les résultats préliminaires.
En effet, à ce stade préliminaire, nous avons déjà décelé de nombreuses anomalies, et pour une bonne compréhension des situations concernées, nous avons établi une typologie non exhaustive des anomalies sur la liste électorale provisoire :
2-Il s’agit notamment de :
- La présence de personnes mineures ;
- Les personnes centenaires ;
- Les personnes décédées ;
- Les personnes déchues de leurs droits civils et politiques ;
- Les personnes à filiation inconnue ou incomplète ;
- La croissance exponentielle des inscrits sur la liste électorale dans certaines
zones du pays ;
- Les déplacements des lieux de vote d’une commune à une sous-préfecture et
inversement ;
- La non-conformité de la liste électorale provisoire remise aux partis politiques
avec les exigences du code électoral (art. 7) ;
- La création d’une nouvelle commune sans information préalable ;
- La suppression de certains lieux de vote important sans information ;
Au titre de la présence des personnes mineures, on relève de nombreux cas de
mineurs inscrits sur la liste électorale provisoire en violation de l’article 3 du code électoral.
Au titre des personnes centenaires, on constate la présence de 4 813 personnes
âgées entre 100 et 150 ans ; de même, on dénombre 104 personnes dont l’âge
varie entre 150 et 200 ans.
Exemples :
– TRAORE Pantche, née le 19 décembre 1900, fille de Traoré Dopré, née le 1er
Janvier 1900.
– ADAGBA Epie Delphine, née le 18 décembre 1872, fille de OCHOU Adagba, née
le premier janvier 1900.
– SALIMATA Bamba, née le 1er janvier 1870, fille de GOUASSE Bamba, née le 1er
janvier 1900.
En ce qui concerne les personnes décédées, en dépit du nombre de personnes
décédées dénombrées par la CEI, force est de constater qu’il existe encore de
3-Nombreuses personnes décédées sur la liste électorale provisoire qui nous a été remise.
S’agissant des personnes déchues de leurs droits civils et politiques, nous confirmons les propos pertinents tenus récemment par Me Habiba TOURE sur cette question, en déplorant le caractère arbitraire de la façon dont la CEI gère ces dossiers.
En ce qui concerne les personnes à filiation inconnue ou incomplète, celles-ci
sont au nombre 5460 personnes sur la liste électorale provisoire 2023.
A titre d’exemple, à Blolequin Commune, dans le seul lieu de vote EPP BLEDI-DIEYA, on dénombre 232 personnes de pères et de mères inconnus.
Au titre de la croissance exponentielle des inscrits sur la liste électorale dans
certains lieux de vote, on constate ce qui suit à titre d’exemples :
– Dans la région du FOLON, dans le Département de KANIASSO, plus précisément dans la commune de GOULIA, la population électorale est passée de 3 220 inscrits en 2020 à 8 242 en 2023, soit une augmentation de 156%. Dans la commune de KAMIASSO, la population électorale est passée de 2 745 en 2020 à 6 842 en 2023, soit une augmentation de 149%.
– Dans la région du BAFING, dans le Département de KORO, plus précisément
dans la commune de KORO, la population électorale est passée de 4 579 inscrits
en 2020 à 8 427 en 2023, soit une augmentation de 84%.
– Dans la région du CAVALLY, dans le Département de TAÏ, plus précisément
dans la commune de TAÏ, la population électorale est passée de 5 083 inscrits
en 2020 à 8 203 en 2023, soit une augmentation de 61,4%.
– Dans la région de l’AGNEBY-TIASSA, dans le Département d’AGBOVILLE, plus
précisément dans la commune de RUBINO, la population électorale est passée de 7 349 inscrits en 2020 à 10 977 en 2023, soit une augmentation de 49%.
Au niveau des régions, on note :
4-Dans la région du FOLON, la population électorale a augmenté de 21%.
– Dans la région du BAFING, la population électorale a augmenté de 19%.
– Dans la région du KABADOUGOU, la population électorale a augmenté de 19%.
– Dans la région du BELIER, la population électorale a augmenté de seulement 4%.
– Dans la région du GRANDS-PONTS, la population électorale a augmenté de
3,9%.
– Dans la région du GBOKLE, la population électorale a augmenté de seulement 3,4%.
– Dans le DISTRICT D’ABIDJAN, la population électorale a augmenté de 3%.
Au regard de toutes ces données qui précèdent, nous constatons une disparité
flagrante entre la croissance de la population électorale des régions du Nord
comparée à celles des régions du Centre et du Sud de notre pays.
Concernant les déplacements des lieux de vote d’une commune à une sous-
préfecture et inversement, on constate que 365 lieux de vote ont été déplacés
d’une sous-préfecture vers une commune et 123 lieux de vote ont été déplacés
d’une commune vers une sous-préfecture sans explication.
Exemples :
– Dans la région du GÔH, à Gagnoa, 25 lieux de vote ont été déplacés de la sous-
préfecture vers la Commune.
– A OURAGAHIO Commune, les lieux de vote EPC KPAPEKOU 18 et EPP
KPAPEKOU KO initialement dans la commune se retrouvent dans la sous- préfecture. 1 700 électeurs sont concernés.
– Dans l’AGNEBY-TIASSA, dans la commune d’AZAGUIE, les 4 lieux de vote que
comptait la sous-préfecture ont été transférés dans la commune avec 800 électeurs concernés.
– Dans l’AGNEBY-TIASSA, dans la commune de RUBINO, les 4 lieux de vote
initialement dans la sous-préfecture ont été transférés dans la commune. Plus
de 1000 électeurs concernés.
5- En ce qui concerne la liste électorale provisoire remise aux partis politiques,
nous déplorons sa non-conformité avec les exigences du code électoral,
notamment la disponibilité des données biométriques (art. 7). C’est pourquoi
nous estimons que la liste électorale provisoire remise aux partis politiques est
incomplète.
Au titre de la création d’une nouvelle commune sans information préalable,
nous notons que la Commune d’ATTOUTOU, dans le département de
JACQUEVILLE a été créée sans information du public. En d’autres termes, la
commune d’ATTOUTOU existe uniquement sur la liste électorale et il n’est pas
exclu qu’il existe de nombreuses autres centres dans un tel cas.
Enfin, nous notons la disparition de certains lieux de vote importants sans
information.
Exemples :
– Dans la commune de YOPOUGON, le lieu de vote GROUPE SCOLAIRE KOUTE
1-2-3-4 a été supprimé avec 3 714 électeurs impactés.
– Dans la commune de OKROUYO dans la région de la NAWA, le lieu de vote
SIPECFI OTTAWA avec 1 364 électeurs impactés.
– Dans la région de la MARAHOUE, dans la commune de BONON, le lieu de vote
FOYER MISSION CATHOLIQUE a été supprimé avec 1 089 électeurs impactés.
En conclusion :
Au vu de ces résultats préliminaires qui viennent d’être présentés, nous pouvons
affirmer que la liste électorale provisoire 2023 n’est ni fiable, ni exploitable comme
nous l’avons toujours dénoncé au dialogue politique.
Si en si peu de temps, nous avons pu déceler autant d’anomalies et irrégularités, c’est donc dire qu’il existe un nombre insoupçonné d’éléments incohérents qui nécessiteront un traitement global et approfondi des données contenues dans la liste électorale provisoire.
6-A cet égard, nous estimons qu’il est indispensable qu’une période d’une durée d’au
moins 01 mois, soit impartie pour le contentieux de la liste électorale provisoire.
Il convient de faire remarquer, à titre de comparaison, que pour les mêmes opérations de contentieux de la liste électorale qui ont lieu en ce moment même au Gabon, un Pays africain, bien que très faiblement peuplé (2.403.452 habitants en 2023) par rapport à la Côte d’Ivoire (28.641.422 habitants en 2023), la période impartie pour le contentieux de la liste électorale est de 01 mois.
C’est pourquoi nous estimons que prévoir 01 mois au lieu de 10 jours pour la période
de contentieux de la liste électorale en Côte d’Ivoire, dont la population représente 11 fois la population du Gabon, est la chose la plus raisonnable à faire.
En définitive, nous insistons sur la nécessité impérieuse d’un audit indépendant de la
liste électorale de la Côte d’Ivoire, afin de garantir l’organisation d’élections justes,
transparentes et apaisées, gage de paix, de stabilité et de cohésion dans notre pays.
Pour le PDCI-RDA Pour le PPA-CI
- BAMBA Youssouffou Joseph M. Katinan KONE
Secrétaire Exécutif chargé Porte-Parole du PPA-CA
des relations extérieures du PDCI-RDA
CAM
@abidjannews2