Préserver la Côte d’Ivoire de toute crise : la Coalition pour la paix plaide pour un dialogue national et un report de la présidentielle
Abidjan, 18 juillet 2025 – La Coalition pour la paix en Côte d’Ivoire (CP-CI) a organisé ce vendredi une conférence de presse à Cocody, autour du thème : « Les leaders en général, et les politiciens en particulier, face au défi de préserver la Côte d’Ivoire de toute crise pendant et après l’élection présidentielle d’octobre 2025 ». Une initiative qui vise à tirer la sonnette d’alarme face aux tensions préélectorales croissantes et à proposer des pistes concrètes pour éviter un nouveau cycle de violences.
Devant un parterre de personnalités politiques, traditionnelles, religieuses, de la société civile et de journalistes, les intervenants ont mis en garde contre le risque de rechute du pays dans une crise, à quelques mois d’un scrutin présidentiel à fort enjeu.
Le professeur Meïté Mamoudou, président du Parti Progressiste pour la Renaissance Africaine (PPR-AFRICA), a dressé un tableau préoccupant de la situation sociopolitique actuelle. Il a exhorté les acteurs politiques à faire preuve de dépassement de soi, à transcender les clivages et à privilégier l’unité et la paix.
Mais c’est surtout l’allocution du président exécutif de la CP-CI, M. Chérif Moussa, qui a retenu l’attention. Dans un discours solennel, il a résumé l’enjeu de la période en une formule :
« Mieux vaut prévenir que guérir ».
Des positions figées, des inquiétudes grandissantes
Dans son intervention, Chérif Moussa a mis en lumière les divergences persistantes entre l’opposition et le pouvoir en place. L’opposition réclame une élection réellement inclusive, avec notamment l’inscription sur la liste électorale de plusieurs de ses figures majeures (Cheick Tidjane Thiam, Laurent Gbagbo, Guillaume Soro, Blé Goudé, Akossi Bendjo), un audit de la liste électorale, ainsi qu’une recomposition de la Commission Électorale Indépendante (CEI). Elle propose la tenue d’un dialogue politique pour parvenir à un consensus.
En face, le gouvernement affirme que le processus électoral sera démocratique et apaisé, en se référant aux dialogues politiques passés. Il rejette toute nécessité d’une nouvelle concertation, arguant que la CEI est représentative de tous les partis, et que la liste électorale actuelle a déjà permis la tenue d’élections locales jugées crédibles. Quant aux leaders politiques radiés, l’exécutif en appelle au respect des décisions judiciaires.
Face à cette impasse, la CP-CI alerte sur les risques d’un nouvel embrasement politique et propose trois mesures concrètes pour éviter le pire.
Les trois propositions de la Coalition pour la paix
1. Lancement d’un appel citoyen à la préservation de la paix
La Coalition invite tous les acteurs — leaders politiques, chefs traditionnels, guides religieux, société civile, médias, institutions africaines et internationales — à s’engager dans une démarche collective pour prévenir une crise. « Il s’agit d’un devoir de conscience et d’amour pour notre nation », a déclaré Chérif Moussa.
2. Report de la présidentielle de cinq mois
Afin de résoudre les contraintes de calendrier évoquées par la CEI et d’ouvrir une fenêtre pour des discussions politiques inclusives, la CP-CI propose un décalage de cinq mois du scrutin présidentiel. Ce délai permettrait d’enclencher un processus de révision crédible de la liste électorale et d’aborder sereinement la question de la CEI.
3. Instauration d’un dialogue politique national
La CP-CI appelle le président de la République à convoquer un forum politique de haut niveau pour régler les différends liés à l’éligibilité de certains candidats. « Tous les cas sont négociables. Le règlement politique de ces situations est possible si chacun fait preuve de bonne foi, de courtoisie et d’humilité », a insisté Chérif Moussa.
« Pensons à la Côte d’Ivoire d’abord »
La Coalition pour la paix en Côte d’Ivoire dit fonder son engagement sur le souvenir encore vif des crises passées, et sur la volonté de préserver les acquis économiques, sociaux et humains du pays. Elle exhorte les leaders à faire passer l’intérêt supérieur de la nation avant toute autre considération.
En conclusion, Chérif Moussa a lancé un appel vibrant à la responsabilité collective :
« Que chacun mette de l’eau dans son vin. La paix ne se décrète pas, elle se construit ensemble, avec sagesse, écoute et respect mutuel. Que Dieu bénisse la Côte d’Ivoire. »
CAM