Comment aimer, réussir et s’accomplir quand la société vous refuse le regard, la parole et la place que vous méritez ?
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Dans La Voix du Handicap – Cri contre la stigmatisation, Konan Gnamien Kouakou met en lumière celles et ceux que l’on entend trop peu : les personnes en situation de handicap, confrontées chaque jour à l’exclusion silencieuse, aux discriminations ordinaires et aux injustices criantes.
Il y a des livres qui ne se contentent pas de raconter : ils interpellent, bousculent, exigent que l’on ouvre les yeux. La Voix du Handicap – Cri contre la stigmatisation, l’auteur appartient à cette catégorie rare d’ouvrages qui, dès les premières pages, obligent à un face-à-face avec nos préjugés.
L’auteur choisit une forme à la fois simple et percutante : des récits de vie. Ahou, la jeune femme atteinte de nanisme, Toto devenu sourd après une maladie, Dénis qui a perdu la vue, Guéï, athlète paralympique abandonné par le système… Autant de destins singuliers qui, mis bout à bout, composent une fresque collective : celle de millions de personnes handicapées, souvent invisibles dans l’espace public, encore prisonnières d’un regard social méprisant ou condescendant.
Le style de Konan Gnamien Kouakou est direct, presque brut, mais traversé d’une profonde humanité. Il refuse la victimisation autant que l’idéalisation. Ses personnages ne sont pas des « héros » par nature, ni des « fardeaux » pour la société : ce sont des êtres humains, avec leurs fragilités et leurs aspirations, que seule la stigmatisation empêche de s’épanouir pleinement.
Au-delà des témoignages, le livre ouvre une réflexion plus large : que vaut une société qui relègue à ses marges ceux qui ne rentrent pas dans ses normes physiques ou sociales ? Que disent de nous ces discriminations silencieuses, ces injustices ordinaires que nous tolérons au quotidien ?
En filigrane, La Voix du Handicap est aussi un manifeste politique. Il questionne les traditions parfois cruelles, pointe les carences des politiques publiques et plaide pour une société plus inclusive. Mais il ne sombre jamais dans le désespoir. Au contraire, il trace une voie d’espérance : aimer, réussir, s’accomplir au-delà du handicap est possible, à condition de changer le regard collectif.
Chronique sociale, témoignage poignant et plaidoyer engagé, ce livre est une lecture nécessaire. Non seulement pour comprendre la condition des personnes handicapées en Afrique, mais aussi pour interroger notre propre rapport à la différence.
Car, comme le rappelle l’auteur dans une formule qui résonne longtemps après la lecture :
« Le handicap n’est pas une maladie. C’est le regard des autres qu’il faut soigner. »
CAM
