Le secteur du transit en Côte d’Ivoire tire la sonnette d’alarme. Réunis ce jeudi 6 novembre 2025 en conférence de presse, les responsables du Syndicat Autonome des Transitaires de Côte d’Ivoire (SYNAT-CI) ont lancé un appel public urgent au Premier Ministre, Dr Beugré Mambé, afin d’intervenir face à une nouvelle mesure douanière jugée menaçante pour la survie de la profession.
Une hausse qui met en danger tout l’écosystème
En décembre 2024, la Direction Générale des Douanes avait relevé le montant minimum du crédit d’enlèvement exigé aux commissionnaires agréés, passant de 25 à 50 millions FCFA. Une décision difficile, mais qui avait finalement été absorbée par les entreprises.
Moins d’un an plus tard, une nouvelle proposition prévoit désormais de porter ce montant à 100 millions FCFA, tout en doublant la caution, de 25 à 50 millions FCFA.
Soit une augmentation de 400% du crédit d’enlèvement en l’espace de douze mois.
« Une telle mesure entraînera la fermeture de dizaines de sociétés de transit, avec à la clé des centaines d’emplois perdus et des familles sans revenus », a alerté Ferdinand Beha, Secrétaire Général du SYNAT-CI.
Le syndicat dénonce également la volonté annoncée de limiter les cautionnements aux seules banques, excluant ainsi les sociétés d’assurances jusqu’ici partenaires du secteur.
Absence de concertation et non-respect du cadre légal
Le SYNAT-CI affirme n’avoir été ni consulté ni associé à l’élaboration de cette réforme, contrairement à ce que prévoit l’article 38 du Code des Douanes, qui impose la concertation entre l’administration et l’ensemble des acteurs privés concernés.
« Nous avons été écartés au profit de groupes extérieurs. Pourtant, nous représentons 303 entreprises ivoiriennes de transit, principalement des PME », souligne le Syndicat.
Des propositions pour sortir de l’impasse
Le SYNAT-CI ne se limite pas à dénoncer : il propose des solutions jugées réalistes et progressives :
1. Mise en place d’un cadre de concertation inclusif avec toutes les organisations du secteur ;
2. Report de toute augmentation des cautions et crédits d’enlèvement à l’horizon 2028 ;
3. Facilitation des cautionnements par les banques ;
4. Renforcement des mécanismes de contrôle interne pour limiter les risques de défaillance.
Un appel solennel au Chef du Gouvernement
Le Syndicat invite le Premier Ministre, ainsi que le Ministre des Finances et du Budget, à intervenir pour éviter un choc social et économique majeur.
« Nous ne demandons pas des privilèges, mais l’équité. Nous voulons participer à la modernisation du secteur, pas être éliminés », a conclu Ferdinand Beha.
Enjeu national
Composé majoritairement de PME ivoiriennes, le secteur du transit joue un rôle essentiel dans la chaîne du commerce extérieur, la fluidité logistique et la mobilisation des recettes douanières. Sa fragilisation pourrait avoir des conséquences directes sur l’économie nationale.
Le SYNAT-CI place désormais son espoir dans la capacité de médiation et d’écoute du Premier Ministre Beugré Mambé.
CAM



