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Acteurs armés, sécurité et démocratie : la Fondation de l’innovation pour la démocratie ouvre un atelier stratégique à Abidjan

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Abidjan, 19–21 novembre 2025 – La Fondation de l’innovation pour la démocratie (FID), en collaboration avec son Laboratoire Ouest-Méditerranée, organise à Abidjan un atelier préparatoire consacré au thème : « Acteurs armés étatiques et non-étatiques, sécurité et démocratie en Afrique ». Cette rencontre marque le lancement d’un processus scientifique et stratégique qui aboutira à la rédaction d’une douzaine de notes d’analyse et à l’organisation d’un symposium international en octobre 2026.

L’objectif : produire un état des lieux précis des transformations de la violence armée en Afrique, de l’évolution du rôle des forces étatiques et non-étatiques, et de leur impact sur les trajectoires démocratiques du continent.

Un chantier scientifique pour éclairer les défis démocratiques

Dans son mot introductif, le Dr Arthur Bangah, maître de conférences à l’Université Félix Houphouët-Boigny, a rappelé la pertinence du thème dans un contexte ouest-africain marqué par le retour des régimes militaires depuis 2020.

« Il n’y a pas meilleur endroit aujourd’hui pour réfléchir aux liens entre sécurité et démocratie. Nous sommes dans une région où les coups d’État sont justifiés par l’insécurité, et où l’armée, longtemps perçue comme une institution silencieuse, devient un acteur central du débat public », a-t-il déclaré.

INADES-Formation, hôte de la rencontre

Représentant l’institution hôte, Étienne Tétiali Digbeu, PCA d’INADES-Formation Côte d’Ivoire, a insisté sur la convergence des missions de son organisation avec celles de la Fondation :

« Nous œuvrons depuis 1962 pour renforcer le pouvoir d’agir des populations, dans la perspective du bien commun. Il était naturel pour nous d’accompagner cette initiative consacrée à la démocratie, à la participation citoyenne et à la gouvernance responsable. »

Les armées ivoiriennes plaident pour une sécurité démocratique

Jean-Christophe Mouho Général de brigade, sous-chef d’État-major de l’armée de terre, représentant le général de corps d’armée Lassina Doumbia, a officiellement ouvert les travaux.

Dans une allocution saluée par les participants, il a souligné l’importance de croiser expertise militaire et recherche académique :

« Comprendre les dynamiques des acteurs armés est essentiel pour éclairer la décision militaire et renforcer une sécurité durable, fondée sur la responsabilité, la légitimité et l’État de droit. »

Il a rappelé que les forces armées ivoiriennes mènent, depuis une décennie, un vaste processus de modernisation visant la professionnalisation, la coopération civilo-militaire et la consolidation de la cohésion interne.

Le Général de brigade a également insisté sur la montée en puissance de nouvelles formes de conflictualité : menaces hybrides, groupes armés non étatiques, espaces gris, rivalités géopolitiques.

Pour une démocratie substantielle : l’appel d’Achille Mbembe

En distanciel, le Pr Achille Mbembe, Directeur général de la Fondation, a replacé les travaux dans une perspective large :

« Les conflits armés affectent non seulement la vie politique, mais aussi nos environnements, nos imaginaires, nos économies et nos corps. La violence se diffuse, se diversifie, devient ordinaire. L’enjeu démocratique est de la contenir, de la réguler, et de restaurer des espaces de délibération. »

Il a rappelé que la Fondation défend une démocratie substantielle, dépassant le strict cadre électoral, et intégrant les dimensions environnementales, sociales et sécuritaires.

Entre terrain, recherche et transformations rapides

Le sociologue Pr Francia Akundès (Université Alassane Ouattara de Bouaké) a souligné la nécessité de documenter des réalités évolutives :

« L’histoire se fait plus vite qu’elle ne s’écrit. Les conflits actuels impliquent des groupes armés non étatiques qui concurrencent les armées régulières. Les dynamiques observées aujourd’hui n’ont plus rien à voir avec celles d’il y a vingt ans. »

Pour lui, le rôle des chercheurs est d’analyser et de décrire, afin d’éclairer ceux qui détiennent la décision.

Quand sécurité et démocratie se croisent

Dans son intervention, le Dr Arthur Bangah a rappelé que la sécurité est désormais au cœur des débats politiques :

« L’incapacité à résorber l’insécurité est utilisée pour légitimer les prises de pouvoir militaires. Mais une fois au pouvoir, ces régimes peinent eux-mêmes à faire progresser la démocratie. »

Les recherches à venir s’intéresseront donc autant aux forces armées nationales qu’aux groupes armés irréguliers, milices, acteurs terroristes et autres organisations en position de contrôler ou contester les territoires.

Des perspectives pour 2026

Les travaux de cet atelier nourriront la rédaction d’une douzaine de notes d’analyse reposant sur des enquêtes empiriques. Elles constitueront la base du Symposium international d’octobre 2026, qui réunira à Abidjan plus d’une centaine de chercheurs, militaires, journalistes et spécialistes des questions démocratiques et sécuritaires.

CAM