Côte d’Ivoire : Solthis dresse le bilan du projet POUVOIR pour la santé des travailleuses du sexe
L’ONG internationale Solthis a organisé ce jeudi 12 juin 2025 un atelier de restitution à Abidjan, pour présenter les résultats du projet POUVOIR, lancé en 2022 en Côte d’Ivoire. Ce programme, axé sur l’amélioration des droits et de la santé sexuels et reproductifs (DSSR) des travailleuses du sexe cisgenres et transgenres, arrive à son terme après trois années d’activités.
Mis en œuvre avec l’appui de partenaires nationaux tels que le Programme National de la Santé de la Mère et de l’Enfant (PNSME), le Programme National de Lutte contre le Sida (PNLS), et des organisations de la société civile comme Espace Confiance, Conscience et Vie, ou encore PAC-CI, le projet POUVOIR a été financé par Expertise France dans le cadre de L’Initiative, avec des soutiens additionnels de la Mairie de Paris et du Fonds L’Oréal pour les femmes.
Une approche globale centrée sur le renforcement du pouvoir d’agir
Participants
Structuré autour de quatre axes majeurs — renforcement des capacités des acteurs de terrain, autonomisation des travailleuses du sexe, amélioration de l’offre de soins et transformation de l’environnement social et institutionnel — le projet a été déployé dans quatre districts sanitaires d’Abidjan : Abobo Ouest, Abobo Est, Yopougon Ouest et Yopougon Est.
Durant 39 mois, les actions menées ont permis d’élargir l’accès à des services de santé adaptés aux besoins spécifiques des travailleuses du sexe : accompagnement psychologique, ateliers d’autogynécologie et d’autodéfense féministe, distribution de moyens de contraception et de kits d’autosoins, entre autres.
Un bilan salué par les partenaires
Participants
Prenant la parole au nom de l’ambassade de France, la Dre Emmanuelle Espié, conseillère régionale en santé mondiale, a salué l’approche innovante du projet.
« Pouvoir est bien plus qu’un projet médical. Il articule soins, santé mentale et droits humains, dans une démarche inclusive et respectueuse », a-t-elle déclaré. Elle a également rappelé que malgré les avancées, le contexte reste difficile : « La stigmatisation persiste, comme on l’a vu récemment avec la campagne anti-woubi. C’est pourquoi des initiatives comme celle-ci sont essentielles pour faire progresser la justice sociale ».
Elle a conclu en réaffirmant l’engagement de la France à soutenir la poursuite du projet :
« Malgré les contraintes budgétaires, la France reste mobilisée pour garantir un accès équitable à des soins de qualité et promouvoir l’égalité femmes-hommes dans le domaine de la santé mondiale ».
Des résultats concrets, des perspectives ambitieuses
De son côté, la Dre Fatoumata Touré épouse Bamba, directrice coordonnatrice du PNSME, a souligné les progrès enregistrés depuis le lancement du projet : « Nous avons observé une réelle amélioration de la prise en charge des travailleuses du sexe, grâce à l’implication des équipes de terrain et au partenariat exemplaire entre Solthis, le PNSME, le PNLS et les organisations communautaires ».
Elle a plaidé pour l’élargissement du programme à d’autres régions du pays, notamment à l’intérieur, où l’accès aux services de santé demeure un défi.
« Nous formulons le vœu qu’une seconde phase du projet POUVOIR voie le jour, afin de consolider les acquis et d’amplifier l’impact au niveau national », a-t-elle lancé.
Capitaliser pour pérenniser
Cette rencontre visait également à partager les bonnes pratiques issues du projet, à tirer les enseignements de l’expérience, et à formuler des recommandations pour garantir la durabilité des avancées. Les participants — représentants des ministères, agences onusiennes, partenaires financiers et acteurs communautaires — ont unanimement reconnu la pertinence du modèle d’intervention porté par POUVOIR.
Participants
Alors que le projet s’achève officiellement le 30 juin 2025, la dynamique enclenchée laisse espérer une continuité des actions, conditionnée à la mobilisation des financements nécessaires.
CAM