Présidentielle 2025 : le PDCI-RDA dénonce une « exclusion arbitraire » de Tidjane Thiam et saisit l’ONU
Le Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI-RDA) hausse le ton face au processus électoral en cours. Lors d’une conférence de presse tenue ce mercredi 17 septembre 2025 à la maison du parti à Cocody, Me Blessy Jean-Chrysostome, avocat et Secrétaire exécutif chargé de la veille juridique, a fustigé l’invalidation de la candidature de Tidjane Thiam à la présidentielle du 25 octobre prochain, qualifiant cette décision de « violation manifeste des droits civils et politiques ».
Le PDCI annonce avoir porté le dossier devant le Comité des droits de l’homme des Nations Unies, avec une requête en mesures provisoires. Ce recours, introduit sur la base de l’article 94 du règlement intérieur du Comité – déjà utilisé dans l’affaire de l’ex-président brésilien Lula da Silva – vise à contraindre l’État ivoirien à réintégrer son candidat dans la compétition électorale.
« Notre démarche a pour but de faire constater la violation flagrante des droits fondamentaux de Tidjane Thiam et d’ordonner sa réintégration dans la course présidentielle », a affirmé Me Blessy.
Une contestation juridique multiforme
Le PDCI avance plusieurs arguments pour dénoncer ce qu’il considère comme une exclusion arbitraire :
Absence de révision de la liste électorale : Contrairement aux scrutins de 2010, 2015 et 2020, aucune révision annuelle n’a été organisée en 2025, empêchant de nombreux citoyens, dont Tidjane Thiam, de s’inscrire conformément à l’article 6 du Code électoral.
Traitement inéquitable des candidatures : Certains postulants auraient vu leurs dossiers validés malgré de sérieuses interrogations sur leur éligibilité, alors que le PDCI affirme avoir déposé plus de 160 000 parrainages sans retour officiel sur d’éventuels doublons.
Rejet contesté des parrainages : Plusieurs signatures ont été invalidées au motif de cartes d’identité non reconnues, bien qu’authentifiées par le système électoral, laissant planer des soupçons de manipulations administratives.
Décisions partiales du Conseil constitutionnel : Le cas de Thierry Zahoui, recalé pour un déficit de 18 000 parrainages sans bénéficier du délai légal de 48 heures pour corriger les doublons, est cité comme illustration d’un traitement jugé discriminatoire.
Modification controversée de la loi électorale : L’institution a fondé son arrêt sur l’article 48 du Code électoral, amendé par ordonnance présidentielle. Or, rappelle Me Blessy, une loi référendaire ne peut être modifiée que par une autre loi référendaire, ce qui entacherait la légalité de la réforme.
Un climat politique jugé « hostile »
Au-delà des aspects techniques, Me Blessy a dénoncé un environnement sécuritaire « délétère » pour l’opposition, marqué par des arrestations arbitraires, des enlèvements et des pressions politiques. Le cas du militant Jean-Paul Diabia, enlevé par des agents non identifiés, a été cité comme symbole d’une démocratie sous tension.
L’avocat a également critiqué certains juristes et universitaires accusés de cautionner « par légèreté doctrinale » des pratiques contraires à l’État de droit, et dénoncé des rumeurs orchestrées autour d’un prétendu accord entre le PDCI et le RHDP, qu’il a formellement démenties.
« Ce n’est pas fini »
Dans un ton combatif, Me Blessy a conclu que le PDCI mènerait la bataille « devant toutes les juridictions compétentes, nationales et internationales », affirmant que « le droit est du côté » de son parti.
Le PDCI-RDA appelle enfin la communauté internationale à s’impliquer pour garantir l’intégrité du scrutin et éviter que la présidentielle de 2025 ne soit entachée d’irrégularités majeures.
CAM