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Biopesticides : l’espoir des maraîchers ivoiriens naît dans les laboratoires de l’Université Nangui Abrogoua

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 Abidjan, Côte d’Ivoire 04 décembre 2025 — Derrière les murs feutrés de l’Université Nangui Abrogoua (UNA), c’est peut-être une véritable révolution agricole qui est en train de s’écrire.

 Un projet scientifique ambitieux vient d’y être lancé, mais sa portée dépasse largement le monde académique : ce sont des milliers de maraîchers ivoiriens qui espèrent voir leur quotidien transformé.

Car au cœur de cette initiative financée par le FONSTI, il y a une réalité souvent passée sous silence : les producteurs de légumes, confrontés chaque saison à des ravageurs agressifs, n’ont bien souvent qu’un recours les pesticides chimiques dont ils paient eux-mêmes le prix, parfois au détriment de leur santé et de celle des consommateurs.

Le projet présenté le 02 décembre dernier vise à développer un biopesticide issu de trois plantes locales.

Il ne s’agit plus seulement de calculs scientifiques ou de protocoles expérimentaux : il s’agit de proposer aux agriculteurs une alternative concrète, accessible et moins dangereuse.

« Nous voyons tous les jours les dégâts causés par les produits de synthèse », confie un enseignant-chercheur présent à la cérémonie.

 

Les intoxications, les sols appauvris, les récoltes perdues trop tôt autant de maux auxquels ce projet entend s’attaquer.

 

Avec un financement de près de 45 millions de FCFA et trois années de travail programmées, les chercheurs de l’UNA espèrent offrir une solution durable à un secteur qui nourrit les villes mais reste fragile et sous-équipé.

 

L’une des innovations majeures de cette initiative réside dans l’attention portée à la perception des utilisateurs finaux : les producteurs eux-mêmes. Leur adhésion déterminera le succès du biopesticide.

 

Le programme prévoit donc non seulement des tests en laboratoire et en champ, mais aussi une évaluation des pratiques, des besoins et des réticences des agriculteurs.

 

« Un biopesticide, même efficace, ne sert à rien s’il ne correspond pas aux réalités du terrain », rappelle un intervenant.

 

En misant sur des plantes de la pharmacopée ivoirienne, le projet valorise un patrimoine naturel souvent méconnu. Pour le Professeur Konin Sévérin, qui représentait le FONSTI, cette orientation est « stratégique » : elle permet à la fois de réduire la dépendance aux importations de produits chimiques et de redonner une place centrale aux connaissances locales.

 

Cette démarche s’inscrit dans un mouvement international croissant en faveur de solutions agricoles écologiques et territorialisées.

 

Ce projet témoigne également de l’ambition de l’UNA de se positionner comme un acteur majeur du développement national.

 

La Présidente, Professeure Yoboué Véronique, s’est engagée personnellement dans la coordination administrative, soulignant que « l’université n’a de sens que si elle transforme la société ».

 

La forte mobilisation institutionnelle vice-présidents, enseignants-chercheurs, doctorants montre bien que la communauté scientifique ivoirienne se saisit pleinement de l’enjeu.

 

S’il est encore trop tôt pour mesurer l’impact exact de ce biopesticide, les premières étapes donnent le ton : une recherche rigoureuse, nourrie d’échanges et ancrée dans les besoins du pays.

 

Et si ce projet tient ses promesses, c’est tout un modèle de production maraîchère qui pourrait basculer vers davantage de sécurité, de durabilité et d’indépendance.

 

Une perspective qui fait naître un réel espoir dans les fermes autant que dans les laboratoires.

 

CAM