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Dédicace de l’ouvrage Terrorisme ouest-africain : Lassina Diarra alerte sur la mutation idéologique du jihadisme

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Abidjan a accueilli ce mardi 9 Décembre 2025, la cérémonie de dédicace du nouvel ouvrage du Dr Lassina Diarra Directeur de l’Institut de recherche stratégique de l’accademie internationale de lutte contre le terrorisme en Côte d’Ivoire, intitulé Terrorisme ouest-africain : du prosélytisme islamiste au jihad armé. L’événement a réuni diplomates, universitaires, officiers supérieurs et experts de la sécurité.

Dr Lassina Diarra Directeur de l’Institut de recherche stratégique de l’accademie internationale de lutte contre le terrorisme en Côte d’Ivoire

Un panel pour situer le débat

Avant la dédicace, un panel s’est tenu sur le thème :

« État djihadiste en Afrique de l’Ouest : mythe ou éventualité ? »

Il a été animé par le Dr Kaman Kambou, Nasser (expert sécurité) et Serge Daniel, journaliste à RFI et correspondant de l’AFP au Mali.

Lassina Diarra : “Comprendre le jihadisme comme un phénomène politique”

Dans son allocution, Lassina Diarra

a exprimé sa gratitude envers les nombreuses personnalités présentes, soulignant l’importance collective de la lutte contre le terrorisme. Il a ensuite dévoilé la démarche intellectuelle qui a guidé son ouvrage.

Selon lui, la menace terroriste ouest-africaine ne peut plus être perçue comme un simple phénomène criminel :

« Après plus de vingt ans d’observation, d’entretiens sur le terrain et même dans les prisons, j’ai compris que les jihadistes sont des acteurs politiques, porteurs d’une idéologie structurée et d’un projet de société. »

L’auteur alerte sur la progression continue du phénomène : jadis concentré dans les zones frontalières du Mali, de l’Algérie et de la Mauritanie, il “s’est aujourd’hui enraciné au Mali, au Burkina Faso et menace désormais les États côtiers”.

Une industrie du recrutement idéologique

L’ouvrage explore ce qu’il appelle “l’industrie de fabrication des jihadistes”, nourrie selon lui par trois ressources essentielles :

L’idéologie religieuse extrémiste, diffusée dans certains circuits d’enseignement ;

La vulnérabilité socio-économique, fruit de pauvreté et d’injustices ;

Le dysfonctionnement de la gouvernance, qui laisse proliférer les discours radicaux.

Il met notamment en garde contre l’essor de “l’islam politique” en Afrique de l’Ouest, qu’il considère comme “un terreau fertile sur lequel peuvent se greffer les groupes terroristes”.

Côte d’Ivoire : un “bon élève”, mais une vigilance nécessaire

Interrogé sur la situation ivoirienne, Lassina Diarra estime que la Côte d’Ivoire “se distingue par une réponse articulée à la fois militaire, sociale et communautaire”.

Cependant, il souligne l’apparition d’un processus d’“endogénisation” du phénomène dans certains pays côtiers, signe que le risque se rapproche.

Faut-il dialoguer avec les groupes terroristes ? Un débat ouvert

Rebondissant sur les propos de Serge Daniel, l’auteut reconnaît que la question du dialogue, qui paraissait inimaginable il y a quelques années, “s’ouvre aujourd’hui comme une fenêtre de tir”.

Il explique que certains groupes, notamment le JNIM, se désaffilient progressivement d’Al-Qaïda et évoluent vers des formes de revendications politiques susceptibles d’être discutées :

« Si ces groupes s’éloignent du projet d’État islamique global, alors la négociation peut devenir une option pour obtenir la paix. »

Un ouvrage de référence pour les décideurs

En neuf chapitres et 250 pages, le livre analyse :

la construction idéologique du jihadisme, l’évolution historique de la menace, les mécanismes de recrutement, les erreurs de gestion dans le Sahel, et les scénarios possibles pour l’Afrique de l’Ouest dans les vingt prochaines années.

Lassina Diarra l’auteur indique avoir pu s’appuyer sur de nombreuses données de terrain recueillies durant ses recherches.

Serge Daniel : “Le terrorisme ne disparaît jamais sans coopération”

Pour sa part, le journaliste Serge Daniel a salué “un excellent ouvrage”, rappelant que le terrorisme ne peut être éradiqué par un seul pays :

« Sans coopération régionale et internationale, aucun État ne peut s’en sortir. »

Il rappelle que le phénomène, initialement limité à quelques centaines de combattants, mobilise aujourd’hui des milliers d’hommes et frappe le Mali, le Burkina Faso, mais aussi le Bénin, le Togo et la Côte d’Ivoire.

CAM