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Archibat 2025 : la rénovation urbaine au cœur des débats sur la disponibilité foncière

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Le premier panel d’Archibat 2025, tenu le 11 avril à Abidjan, a exploré les enjeux cruciaux de la disponibilité foncière dans le renouvellement urbain. Autour de la table, experts et professionnels ont partagé analyses, retours d’expérience et recommandations concrètes pour bâtir des villes durables et inclusives.

Le coup d’envoi du premier panel d’Archibat 2025 a été donné dans l’après-midi du 11 avril. Placée sous le thème « Disponibilité foncière et renouvellement urbain », cette rencontre a réuni plusieurs figures du secteur, dont Thomas Flavien, administrateur adjoint de PFO-Immobilier, et Youssouf Ouattara, urbaniste et ex-directeur général de l’AGDI. Modéré par M. Djima Karamoko, le débat a permis d’aborder les dynamiques actuelles d’aménagement, les contraintes foncières et les stratégies d’urbanisation.

Réhabiliter plutôt que bâtir : une nouvelle vision de la ville

En ouverture des échanges, Thomas Flavien a illustré la démarche de renouvellement urbain par le projet de l’Ivoire Trade Center, une structure autrefois à l’abandon, aujourd’hui reconvertie en centre d’affaires moderne. Pour lui, la réhabilitation d’espaces existants représente une alternative durable à l’expansion urbaine traditionnelle. Elle permet d’optimiser l’espace, de préserver le patrimoine bâti et de répondre plus efficacement aux besoins des citadins.

Dans la même veine, il a évoqué la reconversion de l’ancienne décharge d’Akouédo en un espace de loisirs et de formation, démontrant qu’une gestion foncière réfléchie peut transformer des zones polluées en pôles attractifs.

Zones industrielles : entre saturation et renouveau

Youssouf Ouattara a, de son côté, mis l’accent sur la saturation des zones industrielles d’Abidjan. Il a souligné les efforts de densification et de réhabilitation menés pour améliorer l’attractivité économique de ces espaces, tout en pointant du doigt les dérives liées à l’occupation anarchique du foncier, notamment sur la zone de PK 24. Ce cas illustre les risques encourus lorsque l’expansion industrielle précède l’aménagement urbain, créant insécurité et désorganisation.

Foncier et renouvellement : regards croisés d’Afrique

Les échanges ont ensuite été élargis à l’ensemble du public, notamment aux représentants des Ordres des Architectes venus de plusieurs pays. De ces prises de parole, plusieurs constats se sont dégagés. D’abord, la nécessité d’adopter une vision stratégique et inclusive dans la gestion du foncier. Au Burkina Faso, par exemple, l’État a repris le contrôle des terres pour lancer des projets structurants, en concertation étroite avec les populations. Une approche fondée sur la négociation et la transparence, jugée indispensable pour assurer l’adhésion locale.

Les intervenants ont aussi rappelé les conséquences parfois brutales de projets de renouvellement mal anticipés, comme les déplacements de populations à la gare de Bassam. Pour éviter ces écueils, il est crucial de proposer des alternatives concrètes : logements décents, infrastructures modernes, et solutions de relocalisation acceptables.

Réconcilier autorité publique et dialogue social

Les panélistes ont insisté sur le rôle central de l’État dans la conduite des opérations urbaines. Si la puissance publique est indispensable pour imposer des normes et sécuriser les projets, elle doit s’appuyer sur un dialogue ouvert avec les populations. L’exemple de Yopougon, où les habitants ont accepté sans heurts de libérer des terrains suite à des négociations claires, a été cité comme modèle à suivre.

Revaloriser le rôle des architectes et penser les espaces collectifs

Autre point saillant du panel : la place des architectes dans les projets urbains. Trop souvent relégués au second plan, ces professionnels devraient retrouver un rôle central dans la réflexion sur la ville. Leur implication dès les phases de planification est indispensable pour garantir la qualité, la durabilité et la cohérence des projets.

Les débats ont également mis en avant le besoin criant d’espaces publics et d’équipements collectifs. À Abidjan, rares sont les zones où familles et enfants peuvent se détendre. Une situation qui contraste avec certaines villes asiatiques où des dizaines d’hectares sont dédiés aux loisirs. Il devient donc urgent d’intégrer ces besoins dès les premières étapes des opérations de lotissement.

Réguler les lotissements, encadrer l’expansion urbaine

Les interventions ont aussi soulevé le problème des lotissements non régulés, notamment en zone périurbaine. Une urbanisation sans cadre menace l’équilibre des agglomérations. À l’image du Bénin, où tout aménagement de plus de 15 hectares nécessite une validation étatique, plusieurs participants ont appelé à un encadrement strict en Côte d’Ivoire pour limiter les dérives.

Vers des modèles inclusifs de développement urbain

Parmi les exemples inspirants, la « Cité des Arts », conçue pour accueillir des personnes à revenus modestes tout en les rapprochant de leur lieu de travail, démontre qu’il est possible d’allier inclusion sociale et efficacité urbaine. Ce modèle, ont estimé les panélistes, pourrait être étendu pour répondre aux besoins des zones périurbaines, souvent délaissées et pourtant en pleine mutation.

Recommandations clés pour l’avenir

Au terme des discussions, plusieurs recommandations ont émergé :

Adopter une planification rigoureuse, gage de viabilité et de cohérence ;

Renforcer la collaboration public-privé, pour mobiliser les ressources et mutualiser les expertises ;

Promouvoir des projets durables et inclusifs, en lien avec les réalités sociales et environnementales ;

Repenser les usages des territoires existants, en exploitant intelligemment les bâtiments et zones industrielles disponibles.

Conclusion

Ce premier panel d’Archibat 2025 a permis de poser les bases d’une réflexion approfondie sur l’avenir de nos villes africaines. La rénovation urbaine apparaît comme une opportunité de transformation, à condition de conjuguer planification, concertation et innovation. Face à l’urbanisation galopante, l’enjeu est clair : construire des villes résilientes, équitables et adaptées aux défis contemporains.

CAM