Interview / Ange Atsé : Une championne au service du football féminin
Championne nationale à plusieurs reprises, professeur de sport et ancienne joueuse, Ange Atsé a marqué l’histoire du football féminin ivoirien. Aujourd’hui entraîneur de l’équipe féminine d’Agir de Guibéroua, évoluant en Ligue 1, elle revient sur son parcours et nous partage sa vision du football féminin.
1. Comment et quand les filles commencent-elles à s’intéresser au football ?
Contrairement aux garçons, qui sont souvent formés dès leur jeune âge dans des centres de formation ou des académies, les filles commencent généralement leur parcours footballistique de manière autodidacte. C’est avant tout une passion qui les pousse à jouer, souvent dans les quartiers lors de matchs de Maracana, ou un peu plus tard à l’école, grâce à l’OISSU. Après cela, les plus chanceuses sont repérées par des clubs pour continuer leur parcours.
2. Comment le football féminin est-il perçu aujourd’hui ?
Le football féminin n’est pas encore bien développé sous nos tropiques. Il souffre d’un financement beaucoup plus faible que celui du football masculin. Les filles ont besoin de plus de soutien et d’encouragements. Ici, à Agir de Guibéroua, nous encadrons des joueuses qui venaient de la Ligue 2 et qui ont été couronnées championnes la saison dernière. Elles évoluent désormais en Ligue 1, ce qui est très encourageant et montre que, malgré les difficultés, il y a un réel potentiel à soutenir.
3. Quels sont les principaux défis que vous rencontrez en tant qu’entraîneur d’une équipe féminine ?
La carrière d’une joueuse de football reste très difficile. Dans notre société, on entend souvent dire que “la place de la femme est à la cuisine”. Quand une fille choisit de se consacrer au football, elle rencontre souvent des réticences, voir un manque total de soutien. Pour celles qui parviennent à s’imposer, des obstacles supplémentaires se dressent sur leur chemin.
Pour ma part, j’ai dû interrompre ma carrière à cause d’une fracture au genou. Heureusement, le soutien de ma famille et de mes coéquipières m’a permis de surmonter cette épreuve. Un autre défi majeur, c’est la question des grossesses. Quand cela arrive, il est crucial de garder sa motivation et de revenir au travail avec la même détermination après l’accouchement.
4. Comment travaillez-vous pour encourager et développer le talent des jeunes joueuses ?
Le développement des jeunes talents passe avant tout par un travail sur la condition physique, afin
de prévenir les blessures. Mais il faut aussi beaucoup de passion et d’engagement personnel. Les jeunes joueuses doivent comprendre que c’est grâce au travail acharné qu’elles pourront prétendre à la même reconnaissance et aux mêmes droits que leurs homologues masculins.
Notre leitmotiv doit être de ne jamais se laisser abattre et d’aller jusqu’au bout de ses rêves, peu importe les difficultés. C’est en restant motivées et déterminées que nous pourrons faire évoluer le football féminin.
Interview réalisée par Myriam Haby