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La promotion de la santé est un objectif de développement durable (ODD) insuffisamment pris en compte par les entreprises (Erick Maville Président de Santé en Entreprise) 

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Le 7 novembre dernier à l’occasion du Forum Afrique, RSE & Santé, l’association SEE a présenté le Baromètre RSE & Santé Afrique, premier du genre, mesurant la place des enjeux santé dans les stratégies RSE des entreprises opérant en Afrique.

Pourquoi un Baromètre sur la RSE et la santé ?

Il est aujourd’hui largement admis que la santé est un levier de développement économique inclusif et durable : investir dans la santé, c’est bon pour la croissance économique, à travers l’allongement de l’espérance de vie, le développement de nouvelles activités ou filières, et la création d’emplois.

Dans le contexte mondial actuel de polycrise climatique, sanitaire, économique et sociale, quels acteurs, mieux que les entreprises, les investisseurs et les startups, ont la capacité d’innover dans le domaine de la santé durable et de générer au niveau local des actions concrètes à fort impact au bénéfice des employés et des populations ?

Les entreprises sont en effet des acteurs centraux appelées à jouer un rôle-clé dans la promotion de la santé et du bien-être, que ce soit en tant qu’«employeurs responsables » ou en mobilisant leurs métiers pour développer de nouveaux produits et services de santé.

La santé devient un levier d’engagement pour matérialiser le « S » des critères ESG (Environnement, Social et de Gouvernance) et le devoir de vigilance pris en compte par les investisseurs et bailleurs de fonds pour le financement des projets

En matière d’innovation, le secteur de la santé est l’un de ceux présentant le plus gros potentiel de croissance, grâce notamment au numérique, aux biotechnologies et au développement de nouveaux produits de santé (vaccins, médicaments, dispositifs médicaux…)

En mars 2020, la crise sanitaire est venue rappeler brutalement au monde entier la notion de santé durable qui repose sur trois piliers essentiels : le respect et la protection de l’environnement et de la biodiversité ; la prise en compte du bien-être physique, mental et social de chaque individu ; l’engagement en faveur d’un développement économique, social et responsable.

À l’heure du passage à de nouvelles obligations réglementaires sur la Responsabilité Sociétale des Entreprises et directives sur le reporting de durabilité (CSDD, CSRD…), la santé durable est désormais un enjeu stratégique incontournable pour toutes les parties prenantes.

Cependant, de la prise de conscience au passage à l’action, où en sommes-nous réellement sur ces enjeux ?  Les entreprises en font-elles assez ? Difficile de répondre à ces questions en l’absence de données.  Comment, en effet, mesurer les progrès quand il n’existe jusqu’à présent aucun outil permettant d’appréhender l’intégration des enjeux santé dans les stratégies RSE des entreprises et des organisations ?

C’est dans ce sens que SANTE EN ENTREPRISE (SEE) en s’entourant d’un Groupe d’experts, a lancé une étude sur la responsabilité sociétale des entreprises (RSE) et la santé autour de trois objectifs : détecter les actions et solutions responsables des entreprises en matière de promotion de la santé ; identifier et analyser les meilleures pratiques ; mesurer l’impact des actions et leur contribution à la réalisation de l’Objectif de Développement Durable (ODD 3), d’accès à la santé pour tous.

Que faut-il retenir du Baromètre en ce qui concerne l’Afrique ?

Les premiers résultats de l’étude réalisée de novembre 2023 à octobre 2024, à partir de la revue et du criblage des rapports RSE de 135 entreprises (SBF120 + 9) ont  été présentés au Forum Afrique, RSE & Santé 2024 organisé sur le thème « S’engager, Innover et investir pour une santé durable ».

Il en ressort que la promotion de la santé ne fait pas partie des objectifs de développement durable (ODD) « priorisés » par les entreprises opérant sur le continent africain.

Par ailleurs, il est aujourd’hui toujours difficile d’évaluer l’intégration des enjeux santé dans les stratégies RSE/ESG.

Les principaux résultats marquants de l’étude sont les suivants :

Les 5 Objectifs de Développement Durable (ODD) les plus « priorisés » par les entreprises sont : l’ODD-9 (industrie, innovation, infrastructures, 97%) ; l’ODD-13 (Climat, 95%) ; l’ODD-12 (consommation et production responsables, 93%) ; l’ODD-7 (accès à l’énergie propre, 86%) et l’ODD-17 (Partenariats, 75%)

L’ODD-3 (Bonne santé et bien-être) apparaît au 10ème rang dans le classement : 49% pour l’ensemble du panel et 52 % pour les entreprises opérant en Afrique

On note enfin très peu d’actions pour la réalisation des ODD-1 ( lutte contre la Pauvreté, 5%), ODD-14 (préservation et valorisation des mers et des océans, 16%), et ODD-6 (eau propre et assainissement, 25%).

L’approche « One Health »/« Une seule santé », un levier pour accroître l’engagement des entreprises ?

Nous sommes à un tournant historique. Alors qu’il ne reste que six ans pour atteindre les objectifs de développement durable (ODD), les progrès mondiaux sont largement insuffisants, avec seulement 17% des objectifs en bonne voie, selon le dernier bilan annuel de l’ONU publié en juin 2024.

S’agissant de l’ODD nº 3 (« Accès à la santé et au bien-être pour tous »), des progrès ont certes été réalisés depuis 2015, notamment en ce qui concerne la mortalité infantile et les décès liés au sida. En revanche, du retard a été pris dans d’autres domaines comme la mortalité maternelle ou l’accès aux soins pour tous. L’incidence croissante des maladies non-transmissibles (diabète, maladies cardiovasculaires, cancers…) ainsi que la (ré)émergence de nouvelles épidémies mondiales liée au changement climatique et à la perte de biodiversité (Covid-19, Dengue, Mpox…) constituent des défis majeurs à relever dans tous les pays, notamment en Afrique.

En tant qu’employeurs et opérateurs économiques ancrés dans des territoires, les entreprises sont appelées à faire davantage dans le domaine de la promotion de la santé, dans la mesure où cette situation s’impose à elles comme un enjeu actuel et futur au cœur de leur responsabilité sociétale. Dans ce sens, elles doivent désormais agir autrement en articulant les trois sphères de la santé au travail, de la santé publique et de la santé des écosystèmes.

Cette tendance devrait s’affirmer dans les prochaines années, notamment avec le déploiement de l’approche « One Health » qui permettra aux entreprises de mieux articuler les enjeux environnementaux, sociaux et de gouvernance de leur stratégie RSE (critères ESG).

 

Conclusion

A l’instar des gouvernements, des organisations internationale et régionales, des collectivités locales et organisations de la société civile, les entreprises contribuent à travers leurs actions à la réalisation de l’ODD 3.

Néanmoins, les résultats de notre étude montrent que, dans le domaine de la promotion de la santé, le reporting de durabilité de leurs actions ainsi que la mesure de leur contribution au développement durable demeurent jusqu’à présent problématiques, du fait d’un déficit de transparence sur les actions réalisées, de l’absence d’outils d’évaluation systématique des pratiques de reporting, et de la carence des données publiées.

Dans ce sens, la mise en place d’un Baromètre RSE & Santé devrait favoriser l’amélioration de la qualité des données, l’harmonisation des indicateurs, la comparabilité des actions menées. ainsi que la mesure de leurs impacts. Cet outil pourrait également contribuer à une plus grande sensibilisation des entreprises sur l’importance de ces enjeux, à l’innovation et au partage de pratiques, à la mesure des progrès réalisés, et à l’amélioration du dialogue entre les entreprises, les gouvernements et la société civile, en vue de renforcer les partenariats entre l’Afrique et l’Europe pour la santé et le développement durable.

Pour télécharger la synthèse :

Téléchargez le Baromètre RSE et Santé 2024

 

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